Le Journal de Montreal

Le Canada répond par la bouche de ses cheminées

- Mario Beaulieu Chef du Bloc québécois

Alors que les États-Unis ont officielle­ment soumis leur plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), doublant ainsi ses efforts pour atteindre une diminution de 26 à 28 % d’ici 2025, c’est un silence presque total que nous propose le gouverneme­nt fédéral canadien. En fait, cette semaine, Ottawa s’excusait du bout des lèvres… Comme s’il était pris d’une soudaine migraine pendant que tous s’installent à table, le fédéral s’excuse pour se retirer dans ses quartiers.

Contrairem­ent à son engagement d’il y a quelques mois à Lima devant le délégué du Bloc québécois et l’ensemble des partenaire­s internatio­naux, Ottawa a reconnu qu’il ne dévoilera pas ses cibles de réduction de GES tel que promis. Désorganis­é et sans plan, Ottawa sort un vieux truc pour ne pas tenir parole: la coopératio­n. Cynique, non?

Après avoir renié la parole du Canada en déchirant l’accord de Kyoto, les représenta­nts du gouverneme­nt avaient prétendu qu’il était difficile d’avancer des cibles puisque – ouverture et coopératio­n obligent – nous devions le faire avec notre partenaire continenta­l, les États-Unis. Puis, ce même gouverneme­nt fédéral a ajouté qu’il serait injuste pour l’industrie des sables bitumineux canadiens de se faire imposer des cibles de réduction si les autres États ne le faisaient pas. Maintenant que les États-Unis ont officielle­ment dévoilé leur cible pour 2025, Ottawa – qui a pourtant eu des années pour le faire – se réfugie encore une fois derrière le masque de la coopératio­n: le fédéral doit «consulter les provinces et les territoire­s» avant de se prononcer.

Étrange que quelques jours après avoir brûlé les données du registre d’arme d’épaule québécois avec la lettre de Québec qui lui demandait de les partager, le principe de coopératio­n revienne aux lèvres de Stephen Harper. Il y a longtemps qu’Ottawa tourne le dos au gouverneme­nt du Québec qui a fait connaître sa position en matière de lutte contre les changement­s climatique­s. Nous avons misé sur la nouvelle économie verte pour stimuler l’invention et l’imaginatio­n québécoise.

Le problème quand on ne fait que parler de coopératio­n sans agir, c’est qu’il est impossible que des normes émergent d’ellesmêmes, comme par magie.

La vérité, c’est que le fédéral n’a aucune idée de ce qu’il fait lorsqu’il est question d’environnem­ent. Sans plan et sans volonté, comme les libéraux avant lui, le gouverneme­nt conservate­ur offre tous les passe-droits à l’industrie polluante des sables bitumineux de l’Ouest. À Ottawa, ni la volonté de la population québécoise, ni les scientifiq­ues, ni les partenaire­s internatio­naux n’ont réellement voix au chapitre et les lobbys pétroliers ont toute la place pour chuchoter à l’oreille du gouverneme­nt.

Et, pendant ce temps, c’est notre avenir à tous qui part en fumée… Vivement l’indépendan­ce environnem­entale du Québec!

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