Leaders recherchés
Ça nous prend des leaders qui iront au front pour défendre le bien commun, pour défendre le groupe
plusieurs pensent à tort que le mouvement étudiant est un tout homogène. Ils ont l’impression qu’ils ont un seul fonctionnement ou encore une seule vision partagée.
Pourtant, le mouvement étudiant est un reflet de notre société: pluriel et diversifié. À l’intérieur, on y retrouve plusieurs idéologies et structures qui s’opposent et débattent pour obtenir leur place au soleil.
prINtEMps 2015
Prenons le cas du «Printemps 2015», petit groupe radical au sein de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ). Ce groupe qui sévit principalement sur les réseaux sociaux a comme emblème une tête de loup. Il reproche à l’ASSÉ, qui suggère de reporter la grève à l’automne, de ne pas respecter la structure horizontale de prise de décision.
Qu’est-ce qu’une structure horizontale de prise de décision? Sur leur site, nous pouvons lire: «Sans chefs, sans représentant-es. La seule légitimité de ces comités est celle qu’ils se donnent à eux-mêmes par leur action.» Autrement dit, il n’y a pas de décision plus importante que celle prise par chaque individu. Il n’y a pas de leader, et donc, pas de prise de décisions ou de planification stratégique.
Petit clin d’oeil, dans la réalité, une meute de loups fonctionne de façon très hiérarchisée avec un couple de loups dominants sur les autres et dirigeant les décisions de la meute en veillant sur leur bien-être et leur sécurité. La stabilité de la meute dépend d’ailleurs de son couple dominant. Cette structure est pourtant à des années-lumière de celle qui est annoncée par le groupe qui revendique la paternité du mouvement de grève.
L’IDÉOLOGIE LIBÉrALE
Les mesures proposées dans le dernier budget provincial, particulièrement en éducation, ne laissent plus de doutes possibles sur les orientations du gouvernement libéral. La seule idéologie qui prime est celle de l’austérité. Face à cette idéologie, nul doute que la réplique doit être pragmatique. Ça nous prend des leaders qui iront au front pour défendre le bien commun, pour défendre le groupe.
Une vision pragmatique, une stratégie réfléchie et construite pour faire pression sur un gouvernement, ça nécessite du leadership. Et pour avoir des leaders, il faut accepter une structure mixte, qui part à la fois des décisions sur les campus par les étudiants, et qui est aussi orientée par des analyses et des propositions d’un groupe d’élus, d’un exécutif. C’est d’ailleurs ainsi que fonctionnent la majorité des associations étudiantes.
Une sorte d’aller-retour entre des propositions de l’exécutif et des éléments du terrain, de la base. Une façon de faire habituelle également pour les grandes centrales syndicales. Malheureusement, cette structure pragmatique a la vie dure par les temps qui courent. Avec le cynisme ambiant sur nos politiciens et nos dirigeants, peu de gens sont prêts à prendre ces postes décisionnels. Ils ne veulent pas être accusés de prendre des décisions de façon unilatérale ou d’être antidémocratiques.
Pourtant, il faut bien que certains se lèvent pour défendre les intérêts du groupe. Il faut arrêter d’avoir peur d’être critiqué et de débattre. Il faut montrer plus de combativité.