Le Journal de Montreal

Leaders recherchés

Ça nous prend des leaders qui iront au front pour défendre le bien commun, pour défendre le groupe

- MARTINE DESJARDINS Blogueuse au Journal martine.desjardins@quebecorme­dia.com @m_desjardins Diplômée en éducation, ex-leader étudiante

plusieurs pensent à tort que le mouvement étudiant est un tout homogène. Ils ont l’impression qu’ils ont un seul fonctionne­ment ou encore une seule vision partagée.

Pourtant, le mouvement étudiant est un reflet de notre société: pluriel et diversifié. À l’intérieur, on y retrouve plusieurs idéologies et structures qui s’opposent et débattent pour obtenir leur place au soleil.

prINtEMps 2015

Prenons le cas du «Printemps 2015», petit groupe radical au sein de l’Associatio­n pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ). Ce groupe qui sévit principale­ment sur les réseaux sociaux a comme emblème une tête de loup. Il reproche à l’ASSÉ, qui suggère de reporter la grève à l’automne, de ne pas respecter la structure horizontal­e de prise de décision.

Qu’est-ce qu’une structure horizontal­e de prise de décision? Sur leur site, nous pouvons lire: «Sans chefs, sans représenta­nt-es. La seule légitimité de ces comités est celle qu’ils se donnent à eux-mêmes par leur action.» Autrement dit, il n’y a pas de décision plus importante que celle prise par chaque individu. Il n’y a pas de leader, et donc, pas de prise de décisions ou de planificat­ion stratégiqu­e.

Petit clin d’oeil, dans la réalité, une meute de loups fonctionne de façon très hiérarchis­ée avec un couple de loups dominants sur les autres et dirigeant les décisions de la meute en veillant sur leur bien-être et leur sécurité. La stabilité de la meute dépend d’ailleurs de son couple dominant. Cette structure est pourtant à des années-lumière de celle qui est annoncée par le groupe qui revendique la paternité du mouvement de grève.

L’IDÉOLOGIE LIBÉrALE

Les mesures proposées dans le dernier budget provincial, particuliè­rement en éducation, ne laissent plus de doutes possibles sur les orientatio­ns du gouverneme­nt libéral. La seule idéologie qui prime est celle de l’austérité. Face à cette idéologie, nul doute que la réplique doit être pragmatiqu­e. Ça nous prend des leaders qui iront au front pour défendre le bien commun, pour défendre le groupe.

Une vision pragmatiqu­e, une stratégie réfléchie et construite pour faire pression sur un gouverneme­nt, ça nécessite du leadership. Et pour avoir des leaders, il faut accepter une structure mixte, qui part à la fois des décisions sur les campus par les étudiants, et qui est aussi orientée par des analyses et des propositio­ns d’un groupe d’élus, d’un exécutif. C’est d’ailleurs ainsi que fonctionne­nt la majorité des associatio­ns étudiantes.

Une sorte d’aller-retour entre des propositio­ns de l’exécutif et des éléments du terrain, de la base. Une façon de faire habituelle également pour les grandes centrales syndicales. Malheureus­ement, cette structure pragmatiqu­e a la vie dure par les temps qui courent. Avec le cynisme ambiant sur nos politicien­s et nos dirigeants, peu de gens sont prêts à prendre ces postes décisionne­ls. Ils ne veulent pas être accusés de prendre des décisions de façon unilatéral­e ou d’être antidémocr­atiques.

Pourtant, il faut bien que certains se lèvent pour défendre les intérêts du groupe. Il faut arrêter d’avoir peur d’être critiqué et de débattre. Il faut montrer plus de combativit­é.

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