Au bord de l’exploit
L’Impact disputera dans quatre jours au Costa rica, contre Alajuelense, le match le plus important de ses 22 années d’existence, et j’ai inclus là-dedans les finales de 1994, 2004 et 2009.
Jamais il ne s’est rendu aussi loin dans une compétition aussi importante. Mieux, il a des chances sérieuses de passer à la finale de cette Ligue des champions de la CONCACAF, ce qu’aucune équipe de la MLS n’a réussi depuis le Real Salt Lake en 2010-2011.
Avec une avance de deux buts et la prime aux buts marqués à l’étranger, les chiffres sont brutalement clairs: mardi, un but marqué par l’Impact forcerait les Costaricains à en marquer quatre, mais un but encaissé tôt remettrait tout en question.
L’Impact d’aujourd’hui a infiniment plus de métier que l’effectif qui n’avait pu gérer ses deux buts d’avance contre le Santos Laguna en 2009 et s’était effondré dans les arrêts de jeu.
ATTITUDE
Si ce ne sont pas le talent et l’expérience qui sont les points d’interrogation, tout se jouera donc sur l’état d’esprit et la préparation.
Quand on est assis sur une avance, il est normal d’ajuster son jeu. Mais ajuster comment et jusqu’où?
Combien de fois a-t-on vu une équipe avec deux buts en poche se recroqueviller en défense et laisser venir l’adversaire?
Quand vous faites ça, une minute dans votre zone passe deux fois plus lentement et consomme trois fois plus d’énergie qu’une minute en zone centrale ou offensive. Au bout de 15 minutes, vous regardez le cadran aux 30 secondes.
Vous encaissez un but. Soudainement, les adversaires prennent 10 centimètres et 10 kilos de plus. Vous devenez fébrile, oubliez votre plan de match, et la nervosité se transforme en panique.
Quand l’autre équipe égalise, vous êtes psychologiquement brisé. C’est vous qui êtes à l’étranger. La foule locale devient non pas le 12 e homme, mais le 13 e et le 14 e .
Voilà pourquoi il est essentiel de ne pas aborder le match avec une mentalité d’assiégé. Il ne faut pas se dire: «nous devons tenir 90 minutes».
Non, il faut faire du jeu, construire, garder le ballon quand c’est possible, tenter de monter, soigner les couvertures et les couloirs, presser haut sur le terrain. L’Impact a montré, pendant le match aller, qu’il peut contrôler une situation.
Je n’ai jamais, jamais, jamais cru à cette idée stupide qu’une équipe doit radicalement changer d’approche parce qu’elle est sur le terrain adverse.
POSSIBLE
Avec ses 17 895 sièges, le stade d’Ala-juelense, plus petit que le stade Saputo, sera chaud, mais ne sera pas la
fournaise infernale que peuvent
être certains stades sud-américains. Dans le passé, l’équipe qui jouait à l’étranger dans une contrée latino-américaine pour un match important était harcelée, injuriée, menacée, intimidée, agressée dès sa descente d’avion jusqu’au vol de retour.
Nous n’en sommes plus là. Les temps ont changé. La civilisation progresse, même si ce n’est pas toujours évident.
Frank Klopas ne dérogera pas de son 4-5-1. On peut jouer les gérants d’estrade, mais ça lui a bien réussi jusqu’à maintenant, et il ne crève pas les yeux qu’il aurait d’autres options tellement meilleures.
Le lendemain, mercredi, dans l’autre demi-finale, le second club costaricain, Herediano, aura trois buts d’avance dans la poche face aux Mexicains du CF América.
Or, Herediano fait une moins bonne saison qu’ Alajuelense. Oui, je sais, un
match à la fois.