Le Journal de Montreal

REVELATION­S CHOCS

MONIQUE jérôme-Forget

- Charles Lecavalier Bureau parlementa­ire

Agressée sexuelleme­nt Elle cachait une réserve d’argent Des ministres sans volonté de changement

Monique Jérôme-Forget a été agressée sexuelleme­nt dans son bureau par un «illustre personnage» alors qu’elle était à la tête de la Csst dans les années 1980, révèle-t-elle dans sa biographie.

«La personne se lève, je me lève pour lui donner la main et il se lance sur moi et m’agresse de façon très importante. J’étais dans tous mes états. Il a fallu que je le repousse. C’était une bataille. Je le revis aujourd’hui en le racontant», confie l’ancienne présidente du Conseil du trésor lors d’une entrevue avec Le Journal .

«Il a contourné la table qui nous séparait et s’est jeté sur moi. Ses mains se pressaient sur mes seins et sa bouche, dégoûtante, cherchait la mienne», écrit celle qui a aussi été ministre des Finances. Malgré la taille et le poids supérieur de l’homme, elle réussit toutefois à le repousser.

«Je n’ai pas crié. Mais j’étais blanche comme un drap. Probableme­nt que les gens vont dire qu’elle aurait dû avoir le courage de le dire sur le coup. Mais ça se passait dans les années 1980. Ça s’est passé dans un bureau, pas dans la rue», explique M me Jérôme-Forget.

«C’était sa parole contre la mienne. C’était un homme très important, connu, estimé. S’il était toujours vivant, je dirais son nom, mais aujourd’hui ça ne ferait que nuire à ses enfants», ajoute-t-elle.

« DE LA HONtE »

Elle confie dans son livre avoir ressenti «de la honte.» «Ça frappe l’imaginaire, car j’étais à la tête de la CSST, un des organismes les plus importants du Québec. N’importe qui ne peut pas demander un rendez-vous. On ne peut pas dire que je me trouvais dans une position de vulnérabil­ité», souligne-t-elle.

Elle espère que d’autres rompront le silence. «Comme tous les hommes qui agissaient de la sorte dans ces années-là, il pouvait dormir tranquille sachant que les femmes à qui il s’en prenait garderaien­t le silence. J’ai appris qu’il avait fait la même chose à d’autres femmes, dans une voiture, alors qu’il les ramenait chez elles après une réunion», écrit M me Forget.

«Toute forme d’intimidati­on, y compris les gestes à caractères sexuels, est interdite. Cela reste cependant difficile pour les femmes de dénoncer leur agresseur. Au moment où j’écris ces lignes, la campagne #agressionn­ondénoncée nous révèle l’ampleur du problème», ajoute-t-elle.

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