Les ministres du gouvernement Charest n’avaient pas « d’appétit » pour les réformes
La réingénierie de l’État promise par Jean Charest n’a pas eu lieu parce que les ministres de son gouvernement n’avaient pas «d’appétit» pour des réformes, estime Monique Jérôme-Forget.
«J’aurais été plus loin que je ne suis allée, mais il n’y avait pas d’appétit au sein du Conseil des ministres. Le président du Conseil du trésor ne peut pas tout faire seul», affirme M me Jérôme-Forget, qui salue aujourd’hui l’initiative du gouvernement Couillard de moduler les tarifs de garde en fonction du revenu des parents.
«Mes collègues, eux, n’avaient pas le goût de toucher aux programmes, par exemple les garderies à 5 $», donne-t-elle en exemple.
Dans son livre, elle explique qu’ils ont «passé leur tour.» Aucun ne voulait «que l’on touche à ses programmes.»
M me Jérôme-Forget insiste toutefois: «la réingénierie, ce n’était pas mon mot ni mon concept. Je n’avais pas l’intention de mettre la hache dans le gouvernement. Jamais, jamais, jamais. Je n’ai jamais cru qu’il y avait tant de gras que ça dans la fonction publique. Si on veut faire le ménage, il faut regarder les programmes.»
Au début des années 1970, la santé occupait près de 30 % du budget du Québec. «Aujourd’hui, c’est presque 50 %. Si on continue à ce rythme, le Québec, ça va être un gros hôpital», souligne-t-elle.
Et si son gouvernement a aug-
menté l’accessibilité aux traitements de chimio, aux opérations de cataractes, de genoux et de hanche, ça s’est fait à fort prix.
«Philippe Couillard a coûté très cher lorsqu’il était ministre de la Santé», a-t-elle noté.
LA SACOCHE
Malgré sa prudence, M me Jérôme-Forget admet d’ailleurs que le gouvernement Charest a été plutôt dépensier. Elle a dû mettre en place un système de fonds secret, utilisables en cas d’urgence.
Elle seule connaissait l’existence de cette réserve. Jean Charest lui-même n’était pas au courant, révèle-t-elle dans sa biographie.
«Je lui cachais parce qu’il l’aurait pris. Lorsque Jean venait me voir pour me dire: Monique, j’ai besoin d’argent pour un projet, je lui répondais que j’étais trop serrée. À la fin, évidemment, il me regardait avec un grand sourire en voulant dire, tu me mens, je le sais», confie-t-elle.
Quant au gel de salaire dans la fonction publique, elle note qu’elle aussi l’a imposé au milieu des années 2000 pour financer l’équité salariale.
« Cela reste cependant difficile pour les femmes de dénoncer leur agresseur »
— Monique Jérôme-Forget