Érablière insalubre
La cabane à sucre de rigaud a reçu sa huitième amende depuis 2005
Le temps des sucres signifie aussi pour la sucrerie de la montagne le temps des moisissures et des fèves au lard qui traînent depuis 12 heures.
La bucolique érablière située au 300 chemin Saint-Georges, à Rigaud, ne cesse de surprendre les inspecteurs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).
Selon les chiffres fournis par le MAPAQ, elle a reçu huit amendes depuis 10 ans, dont deux salées de 6000 $ en janvier dernier.
«On a eu qu’à en payer une, assure son propriétaire Pierre Faucher. C’était un mauvais moment. Là, tout est réglé. Même qu’on a tout rénové.»
Les deux inspectrices qui se sont présentées le 8 mars 2012 en pleine saison des sucres ont d’abord vu une banale flaque d’eau sur le plancher de la cuisine. Mais elles ont vite constaté que l’eau sale du plafond dégouttait sur la cuisinière et tombait sur les ustensiles.
Plus loin, l’eau a fait place au gras sur les filtres de la hotte qui dégoulinait sur la plaque à frire en dessous.
Puis, le gras a fait place aux moisissures à plusieurs endroits dans la chambre froide.
sOupE Aux pOIs IMMANGEABLE
Des pièces de bois en sont imprégnées. Et «des moisissures noires se sont déposées sur toutes les chaudières de cornichons, ketchup et betteraves marinés préparées sur place et entreposées», peut-on lire dans les rapports d’infraction dont Le Journal a obtenu copie.
Une des deux inspectrices est repassée cinq jours plus tard pendant qu’une soixantaine de clients étaient attablés pour constater que peu de choses avaient changé. L’eau jaunâtre coulait toujours dans la cuisine et la moisissure était toujours là.
Pire: 60 litres de soupe aux pois et 40 litres de fèves au lard traînaient depuis plus de 12 heures à des températures variant entre 10 °C et 20 °C. Les 100 litres de nourriture ont été jetés volontairement.
Ce jour-là, l’inspectrice a même décidé d’imposer la fermeture d’une partie de la cabane à sucre pour cinq jours, le temps qu’on fasse un vrai ménage.
Le sommaire des interventions du MAPAQ précise que tout était rentré dans l’ordre par la suite.
Depuis 2005, la Sucrerie de la montagne a aussi reçu trois amendes pour des problèmes d’hygiène, deux pour des températures potentiellement dangereuses des aliments et une pour la présence de vermine. En tout, l’érablière a reçu pour 15 750 $ d’amendes. Il faut parfois attendre des années après l’infraction pour qu’un juge entende la cause et rende sa sentence. Les détails ont ensuite été obtenus après avoir fait une demande d’accès à l’information.