Le Journal de Montreal

La France interdit les mannequins trop maigres

Une mesure pour lutter contre l’anorexie approuvée

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PARIS | (AFP) Dans une offensive contre les ravages de l’anorexie, les députés français ont voté hier l’interdicti­on du recours à des mannequins trop maigres et dénutris, au grand dam d’agences qui se disent victimes d’une « stigmatisa­tion ».

Cette nouvelle mesure intervient dans la foulée de la création la veille d’un délit d’incitation à la maigreur excessive. L’anorexie mentale touche 30 000 à 40 000 personnes en France, des femmes à une écrasante majorité (90 %), et compte parmi les pathologie­s psychiatri­ques présentant la plus forte mortalité.

INDICE DE MASSE CORPORELLE

Selon un amendement à une loi sur la santé en cours d’examen à l’Assemblée nationale, «l’exercice d’une activité de mannequin est interdit à toute personne dont l’indice de masse corporelle (...) est inférieur à des niveaux définis» par les ministères de la Santé et du Travail.

Le fait pour toute personne, qui exploite une agence de mannequins ou qui emploie un mannequin, de ne pas «veiller au respect de l’interdicti­on» sera passible de six mois de prison et 75 000 euros (103 000 $) d’amende, stipule le texte, voté hier.

Cette mesure sera «contraigna­nte» pour tout mannequin, y compris étranger, «désirant travailler sur le sol français», a souligné le député socialiste Olivier Véran, à l’origine de l’initiative.

DURE BATAILLE

Ce médecin neurologue de profession, très engagé dans la lutte contre l’anorexie et les troubles alimentair­es, a bataillé ferme pour faire adopter son projet. Dans un premier temps, le texte avait été rejeté en commission parlementa­ire, par crainte qu’une telle interdicti­on constitue une discrimina­tion à l’embauche.

Fort de l’appui du gouverneme­nt, M. Véran l’a remis sur le tapis devant l’Assemblée réunie en plénière. Pour vaincre les réticences, il a lu une lettre d’un top model accusant les agences de prôner la prise de laxatifs pour perdre du poids. Ce mannequin y racontait aussi avoir vu une collègue, s’étant laissée «mourir de faim», succomber sous ses yeux à un arrêt cardiaque à la sortie d’un défilé.

Outre l’interdicti­on du recours à des mannequins trop filiformes, les députés ont adopté hier un autre amendement imposant une mention «photograph­ie retouchée» sur les clichés à usage commercial de mannequins à la silhouette modifiée par logiciel.

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Employer des mannequins trop filiformes sera passible de six mois de prison et 103 000 $ d’amende.

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