Le Journal de Montreal

Pas d’excuses (2 e partie)

- LISE RAVARY c L lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary

Lorsque je dirigeais Châtelaine pendant les années 2000, je m’étais donné comme mandat d’aider les québécoise­s à ne plus se percevoir comme des victimes. victimes de la vie, du système, des hommes et de leur biologie, etc.

Pour combattre la victimite ambiante, nous mettions de l’avant l’estime de soi et aidions les lectrices à prendre le contrôle de leurs vies, financière­ment, profession­nellement et dans leurs relations amoureuses et familiales.

VIOLENCE EXCEPTÉE

Il n’y a qu’un domaine pour lequel cette stratégie ne fonctionna­it pas: la violence faite aux femmes. Cette violence résiste à tout, comme les coquerelle­s survivent à une attaque nucléaire. Une violence qui s’exprime de manière grande et petite. Tuer sa conjointe parce qu’elle demande le divorce ne se classe pas au même rang que les publicités d’un luxueux restaurant de Montréal qui nous montrent une femme en dessous sexy ponctuées avec la question «Comment aimez-vous votre viande?», mais toutes deux ont la même source: le désir qu’ont certains hommes de dominer les femmes.

Dans un sens, le mouvement des femmes au Québec a échoué dans sa mission de réduire la violence faite aux femmes. Dans un portrait social publié par Statistiqu­e Canada en 2013, le Québec arrive au troisième rang des provinces, derrière la Saskatchew­an et le Manitoba, plombées par la violence dans les communauté­s autochtone­s. C’est en Ontario que le taux est le plus bas. Ottawa est la ville canadienne où il y a le moins de violence familiale au pays et Gatineau, la ville où le taux est le plus élevé.

De plus, au Québec, il y a augmentati­on de la gravité des cas.

À QUI LA FAUTE ?

Je ne veux pas blâmer les féministes, mais il est clair que nous nous sommes trompées quelque part. Est-ce dans l’éducation des garçons? Lise Payette m’a dit un jour: «Aux dernières nouvelles, ce sont encore les femmes qui élèvent les garçons.» Combien de mères «servent» encore leurs fils?

Est-ce une question socio-économique? La violence frappe toutes les couches de la société. Des problèmes financiers peuvent exacerber des situations tendues, mais la clé du problème n’est pas là.

La preuve, Monique Jérôme-Forget raconte aujourd’hui dans Le Journal qu’elle a été agressée sexuelleme­nt dans son bureau par un homme connu, alors qu’elle dirigeait la CSST dans les années 80.

L’effritemen­t de la famille traditionn­elle est-il en cause? Ce garçon de 18 ans de Valleyfiel­d dont j’ai parlé hier qui a battu sa petite amie vivait en centre jeunesse. Malgré leur bon vouloir, les éducateurs ne peuvent remplacer un foyer aimant. Comment aide-t-on les poqués de la vie à trouver la paix?

Est-ce cette violence glorifiée que les garçons consomment 24/7 dans les jeux vidéo, sur internet?

Comment est-il possible qu’on se retrouve en 2015 avec une culture du viol née sur les campus américains? Non, ça ne peut être la faute du féminisme.

Mais je crois que les groupes féministes devraient se préoccuper un peu plus de la violence, et un peu moins de toilettes unisexes pour ceux et celles qui n’ont pas encore décidé si ils/elles étaient des gars ou des filles. Croyez-vous, comme notre chroniqueu­se, que le mouvement des femmes a échoué dans sa mission de réduire la violence faite aux femmes ? Jdem.com/opinions

Je ne veux pas blâmer les féministes, mais il est clair que nous nous sommes trompées quelque part

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