Le Journal de Montreal

Quand l’amour de soi est absent

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Je me suis reconnue dans le témoignage de celle qui signait « Dernière chance pour être heureuse ». Elle qualifiait sa mère de « femme extrêmemen­t exigeante ». Ma mère ressemblai­t à la sienne. Son père était peu concerné par les affaires de la famille. C’était aussi le cas du mien. Elle décrit son parcours de vie comme parsemé d’obstacles au travers de trois vies de couple malheureus­es. Ma vie de femme fut comme la sienne, si ce n’est qu’après mon deuxième échec de couple, j’ai entrepris une démarche thérapeuti­que en profondeur. Je refusais qu’une femme compétente comme moi dans sa profession et sa vie financière, se retrouve au coeur de pareil marasme dans sa vie personnell­e.

Quand elle dit qu’elle a plus de soixante ans et qu’elle espère encore trouver un homme qui l’aime pour remplir sa vie, je trouve ça triste, car pour moi, ce n’est pas l’autre qui peut remplir notre vie. On la remplie soi-même et on partage ensuite, avec un homme ou avec des amis peu importe, mais ça ne pourra jamais être l’autre qui fasse le travail.

Ça m’a pris huit ans de thérapie pour découvrir que ma mère était exigeante pour masquer ses faiblesses, et que j’avais toujours rampé devant elle pour ne pas subir ses foudres, alors que c’était elle qui n’aurait pas pu supporter que je sois plus forte qu’elle. Ma mère était toxique pour moi, mais j’acceptais de me diminuer devant elle pour ne pas lui porter ombrage, et je faisais pareil dans ma vie de couple.

Quand j’ai découvert cela, mes horizons se sont ouverts et j’ai commencé à m’aimer pour ce que j’étais et non pour ce que ma mère attendait de moi. Je ne sais si cette dame a du courage, mais il lui en faudra pour reprendre sa thérapie là où elle l’a laissée. Car elle doit le faire si elle veut s’en sortir, et ce n’est qu’après cela qu’elle pourra espérer rencontrer un homme assez sain pour partager la vie de la nouvelle femme qu’elle sera. C’est mon cas à 68 ans!

Bonne chance!

La similitude entre votre parcours de vie et celui de cette personne donne un poids supplément­aire à votre témoignage. Comme elle avait mentionné avoir déjà fait quelques thérapies, je me permettrai d’ajouter qu’une thérapie n’est jamais terminée tant qu’on n’a pas mis « le doigt sur le bobo » comme on dit. Elle devrait donc commencer à se méfier des illusions amoureuses qui l’ont toujours empêchée de poursuivre cet exercice difficile jusqu’à son terme.

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