Le Journal de Montreal

Le combat de Tootoo

- JEAN-FRANÇOIS CHAUMONT

NEWARK | Jordin tootoo tient à raconter son histoire. Il parle à coeur ouvert de ses erreurs et de son plus grand démon, l’alcool. En partageant son récit, il espère venir en aide à d’autres joueurs qui cachent depuis parfois trop longtemps des problèmes de dépendance.

Au mois d’octobre dernier, un livre a été publié à son sujet sous la plume du journalist­e Stephen Brunt : All the way :

my life on the ice. À la veille du match contre le Canadien au New Jersey, Tootoo a partagé à nouveau son principal combat avec la presse montréalai­se.

«Quand je jouais encore pour les Predators de Nasvhille, je me retrouvais devant deux options. Je devais décider entre être un joueur de hockey profession­nel ou être un alcoolique pour le restant de ma vie.»

Tootoo a finalement choisi la première option. À 32 ans, il roule encore sa bosse dans la LNH. L’ailier droit originaire du Nunavut a relancé sa carrière cette saison au pays de Lou Lamoriello, avec les Devils du New Jersey.

Il y a plus de quatre ans, Tootoo a entrepris sa lente ascension. Il jouait encore à Nashville quand il a adhéré volontaire­ment en décembre 2010 au programme de la LNH et de l’AJLNH pour les abus d’alcool ou de drogues.

Depuis ce temps, il a gagné son combat, mais il ne doit pas baisser la garde.

«C’est un combat de tous les jours, rappelle-t-il. J’ai été ouvert et honnête avec ce que j’ai vécu, avec la publicatio­n du livre. Je me dis toujours que c’est un jour à la fois. Aujourd’hui, je suis sobre et j’en suis reconnaiss­ant. Ça m’a apporté beaucoup de joie dans ma vie. Je me suis marié l’été dernier, c’était formidable.»

«Mon histoire, c’est ma perspectiv­e. Si tu parles à d’autres joueurs dans la ligue, ils ont aimé que je m’ouvre ainsi. C’est un privilège de jouer dans cette ligue, mais tu dois aussi t’assurer que ta vie à la maison est rangée.»

LE Coeur BRISÉ

Au sein de sa propre famille, Tootoo a vécu un drame en 2002 avec le suicide de son frère Terence. En 2011, il a été bouleversé par les décès de trois anciens bagarreurs de la LNH : Derek Boogaard, Rick Rypien et Wade Belak.

«De voir des collègues incapables de venir à bout de ce combat, ça me brise le coeur, a-t-il dit. Plusieurs joueurs vivent un tel combat. Que tu sois un athlète profession­nel ou non, on peut tous livrer de tels combats et personne ne le sait. En choisissan­t d’en parler, je souhaite pouvoir ouvrir des yeux.»

CANDIDAT Au BILL-MASTERTON

L’histoire de Tootoo n’a laissé personne insensible. Les journalist­es des Devils ont reconnu son parcours en votant pour lui comme le candidat de l’équipe à l’obtention du trophée BillMaster­ton, décerné à l’athlète qui incarne le mieux la persévéran­ce, l’esprit sportif et le dévouement pour son sport.

«C’est un honneur, a-t-il souligné. Plusieurs autres joueurs auraient mérité la nomination. Gomez connaît toute une saison. Steve Bernier et Peter Harrold ont commencé dans les mineures. C’est un privilège de jouer dans la LNH et ce ne sont pas tous les joueurs qui le comprennen­t. Quand la fin de ta carrière approche et que tu ne sais pas vraiment ce qui va se passer, tu apprécies beaucoup plus le hockey. Quand tu es plus jeune, tu profites du hockey sans regarder trop loin devant. De mon côté, j’essaie d’être un pro chaque jour, travailler fort et faire les bonnes choses.»

À sa première saison avec les Devils, Tootoo a obtenu 14 points (9 buts, 5 aides) en 69 matchs et il a maintenu un différenti­el de +1. Il a aussi passé 72 minutes au banc des punitions. Il s’agit de statistiqu­es très honnêtes pour un joueur qui avait reçu une simple invitation au camp de l’équipe et qui l’an dernier jouait principale­ment à Grand Rapids, dans la Ligue américaine.

«JE DEVAIS DÉCIDER ENTRE ÊTRE UN JOUEUR DE HOCKEY PROFESSION­NEL OU ÊTRE UN ALCOOLIQUE»

– Jordin Tootoo

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