À quel point est-ce bien réel ?
La vue est imprenable de la galerie de presse. Les gradins sont pour ainsi dire remplis à capacité. L’ambiance est festive. vladimir Guerrero et Orlando Cabrera sont applaudis à tout rompre. russell Martin reçoit une ovation à sa première présence au bâton.
Le Stade olympique vibre à nouveau pour le baseball. Il en sera de même aujourd’hui. En deux ans, tout près de 200 000 billets auront trouvé preneur pour quatre matchs préparatoires des Blue Jays de Toronto.
Ça relève de la fiction quand on se rappelle de la triste fin des Expos. Pourtant, les amateurs sont bien là, en chair et en os.
Quelle interprétation peut-on faire de cette grande affluence?
Doit-on parler simplement d’un happening?
Dans le temps des Expos, les amateurs se donnaient rendez-vous en grand nombre pour le match d’ouverture. Le match suivant, ils étaient à peine 10 000. On les revoyait en juin, en juillet et en août. Quand les gars de Felipe Alou restaient dans la course, les gens les suivaient jusqu’à la fin.
ENVOYER UN MESSAGE FORT
Après la rencontre de cet après-midi, on attendra une autre année avant de revoir du baseball des grandes ligues à Montréal. À en juger par la réponse l’an dernier et encore cette année, les amateurs reviendront en grand nombre l’an prochain.
Mais seraient-ils là régulièrement si une équipe revenait?
C’est long, une saison de baseball. C’est 81 matchs à domicile.
«L’engouement est très réel pour la simple raison que les gens savent qu’ils doivent envoyer un message au baseball majeur, croit Jacques Doucet, qui a versé toutes les larmes de son corps le jour qu’il a fermé son micro pour la dernière fois au réseau radiophonique des Expos.
«On l’a démontré de façon nette l’an dernier. Cette année, plusieurs étaient sceptiques, mais la réponse est aussi forte, sinon plus. Ça, c’est très positif.
«Les gens savent qu’ils doivent témoigner de l’intérêt vis-à-vis le projet de ramener une équipe à Montréal, à défaut de quoi les investisseurs n’embarqueront pas.
«Pour le moment, tout est positif et on se croise les doigts pour l’avenir.»
CONFIANT POUR L’AVENIR
Le respecté commentateur ne doute pas de la suite des choses si Montréal reprenait place dans le cirque du baseball majeur.
«Les gens vont suivre parce qu’on n’aurait plus à remplir un stade de 60 000 places», donne-t-il comme argument.
«Si un stade de 35 000 sièges est bâti au centre-ville, ce sera près de la moitié moins que le Stade olympique. Les jours où il y aurait 15 000 personnes, le stade serait près de la moitié rempli.
«Les gens d’affaires vont être davantage intéressés à louer des loges corporatives. Avec l’engouement d’un nouveau stade et l’acquisition d’une équipe existante, le produit serait plus facile à vendre.»
Son vieux complice Rodger Brulotte partage son avis.
«Une équipe n’attirerait pas 50 000 spectateurs à tous les matchs, mais on atteindrait facilement une moyenne de 25 000 tous les jours», dit-il.
«Il y aurait plus de monde pour les matchs de jour la fin de semaine et ceux contre les grosses équipes. Quand on parle d’un stade rempli de 35 000 personnes, c’est du monde!»
«Je ne suis pas inquiet, mais la conclusion est toujours la même chose. Ça prend une équipe capable de rivaliser sur le terrain
PLAN Du NOUVEAU STADE
De son côté, le nouveau commissaire du baseball, Rob Manfred, affirme qu’une expansion passerait vraisemblablement par le Canada et le Mexique. Mais les Rays de Tampa Bay et les A’s d’Oakland, qui jouent dans des stades désuets, demeurent des canards boiteux.
Les démarches des Rays pour la construction d’un nouveau stade sont dans un cul-de-sac. Le propriétaire de l’équipe, le New-Yorkais Stuart Sternberg, commence à montrer des signes d’impatience.
«Il n’y a aucune ville américaine qui pourrait accueillir une équipe du jour au lendemain», souligne Doucet.
«Il n’y a que Montréal. Le Stade olympique n’est pas la solution idéale, mais ce serait un tremplin. Aussi, les gens d’affaires qui militent pour la venue d’une équipe doivent déposer un plan pour la construction d’un stade aux autorités du baseball. C’est à ce moment-là qu’on va démontrer notre sérieux.»