Manifester pour les bonnes raisons
Après avoir investi les rues pour dénoncer les mesures budgétaires des gouvernements Charest et Marois, les étudiants récidivent pour signifier leur opposition aux initiatives du gouvernement Couillard.
Selon Camile Godbout, porte-parole de l’ASSÉ, «Les conséquences négatives des mesures d’austérité se font déjà sentir de façon drastique». Pour l’ASSÉ, de telles mesures «font de l’éducation une marchandise et diminuent inévitablement l’accessibilité».
Le slogan est accrocheur, mais si l’ASSÉ et les syndicats qui l’endoctrinent avaient passé moins de temps dans la rue et plus de temps à fouiller les plus récentes statistiques sur l’éducation, leurs discours auraient été plus éclairés. Entre autres, ils sauraient que: √ Le Québec est la province où le gouvernement contribue le plus au financement des collèges et des universités. √ Entre 1986 et 2012, le taux d’accès aux études collégiales a grimpé de 58,3% à 63,9%. Pour le baccalauréat, il a bondi de 30,1% à 44,4%. √ Entre 1986 et 2011, le taux d’obtention d’un diplôme est passé de 19% à 33,2% au baccalauréat, de 3,9% à 10,2% en maîtrise et de 0,5% à 1,7% au doctorat. √ Entre 2002 et 2011, le nombre de baccalauréats décernés a augmenté de 20%, tandis que l’effectif au premier cycle était en hausse de 13,3%. Problème d’accessibilité, dites-vous? Non seulement l’université est plus accessible que jamais, mais même les diplômes semblent nettement plus faciles à décrocher!
UN SYSTÈME DÉFICIENT
Cela dit, le système d’éducation québécois est truffé de déficiences et il suffirait aux étudiants d’un minimum de réflexion pour être ensevelis sous une avalanche de bonnes raisons d’être inquiets. Citons par exemple le fait que le Québec enregistre la proportion la plus élevée au Canada de diplômés universitaires avec un niveau 2 ou moins (sur 5 niveaux) en littératie. En numéracie, seuls le Manitoba et le Nouveau Brunswick font pire que le Québec.
Signalons également que le coût réel par étudiant au niveau collégial a augmenté de 20,8% entre 1999 et 2011, tandis que le rapport étudiant-enseignant s’est amélioré d’à peine 8%.
IMPORTANT TAUX DE DÉCROCHAGE
Pour ce qui est de l’enseignement secondaire, le Québec affiche le plus haut taux de décrochage au Canada, alors que le rapport élève-enseignant, qui a toujours été le plus faible au Canada, a diminué de 15,3% entre 1999 et 2011, et ce, bien que les dépenses réelles par élève des commissions scolaires aient augmenté de 45,6% au cours de la même période.
Ces hausses de coûts sont d’autant plus singulières que ni l’enseignement des règles d’orthographe ni celui des mathématiques n’ont gagné en complexité.
Certes, le budget alloué au ministère de l’Éducation pour 2015-2016 augmente d’à peine 0,2%. Mais vu la croissance historique illégitime du coût par étudiant, peut-on réellement crier à l’austérité?
Les étudiants devraient-ils manifester? Absolument! Ils devraient dénoncer la piètre performance de leur système d’éducation et non le fait que le gouvernement résiste à la culture d’un gaspillage éhonté maintenant bien ancrée et entretenue par les mêmes syndicats que ceux qui incitent les étudiants à marcher contre l’austérité.
Les étudiants devraient-ils manifester ? Absolument ! Ils devraient dénoncer la piètre performance de leur système d’éducation.