Le Journal de Montreal

Hydro, la banque de Québec

- michel girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Dans le cadre de sa chasse à l’équilibre budgétaire, le gouverneme­nt Couillard doit une fière chandelle à Hydro-Québec. La société d’État représente une véritable banque dans laquelle le gouverneme­nt pige à pleines mains.

Malheureus­ement pour nous, il n’en a jamais assez. C’est pourquoi il met même la main sur les 160 millions $ de trop-perçus qu’Hydro a encaissés en 2014 par rapport au rendement autorisé par la Régie de l’énergie.

En vertu d’un plan mis en place en 2014 par la Régie de l’énergie pour redistribu­er en partie ces trop-perçus auprès des clients, Hydro aurait pu les rétrocéder par l’entremise d’une réduction de la prochaine hausse de tarifs.

Le gouverneme­nt Couillard n’était manifestem­ent pas d’accord avec cette redistribu­tion d’argent puisqu’il a décrété, en vertu de la loi 28 adoptée en fin de session parlementa­ire sous le bâillon, qu’il suspendait cette redistribu­tion d’argent de sorte à permettre à Hydro de conserver l’argent les trop-perçus.

Où pensez-vous que ces trop-perçus se retrouvent? Dans les profits nets d’Hydro. Et qui les «encaisse» ces profits nets? Eh oui! on les retrouve bon an mal an dans le budget du gouverneme­nt du Québec, dans la catégorie «revenus des entreprise­s» du gouverneme­nt.

Depuis 2008, selon un reportage de mon collègue Michel Morin, Hydro a encaissé des trop-perçus pour une valeur globale de 1,4 milliard de dollars. C’est autant d’argent qui aurait pu servir à réduire d’environ 12 % la facture d’électricit­é des Québécois. Mais non, Québec a profité de cette manne pour hausser ses revenus.

HIVERS PAYANTS

Grâce aux rigoureux hivers de 2014 et de 2015, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a vu les revenus d’Hydro bondir en forte hausse par rapport aux prévisions budgétaire­s.

Pour l’exercice financier se terminant le 31 mars 2014, le ministre Leitao a rapporté des revenus de 3,35 milliards pour Hydro, soit 403 millions de plus que les revenus anticipés.

Concernant l’exercice terminé le 31 mars 2015, le ministre a rectifié le tir en déclarant les revenus d’Hydro de l’ordre de 3,25 milliards, soit 200 millions de plus que le montant anticipé.

Maintenant, dans son article d’aujourd’hui, mon collègue Michel Munger lève le voile sur la mécanique de profitabil­ité d’Hydro. Pour déterminer les hausses de tarifs, la Régie de l’énergie tient strictemen­t compte de rentabilit­é de la division Hydro-Québec Distributi­on (chargée d’alimenter le Québec en électricit­é) et non des autres filiales, Hydro Production, Hydro TransÉnerg­ie, Hydro Équipement.

DUR HIVER

Le problème? Lors du dur hiver de janvier à mars 2014, Hydro Production a vendu à Hydro Distributi­on son électricit­é à des prix exorbitant­s, soit de 5 à 7 fois le prix de l’électricit­é patrimonia­l. Pendant que la filiale Hydro Distributi­on se fait saigner à blanc à nos dépens, Hydro Production engrangeai­t de mirobolant­s profits de 175 millions $. Lesquels allaient se retrouver dans les… coffres du gouverneme­nt du Québec!

C’est autant de profits dont la Régie n’a pu tenir compte dans sa décision de permettre à Hydro Distributi­on d’augmenter les tarifs d’électricit­é.

Dans un an, on saura si Hydro Production a également profité de la froidure des premiers mois de l’année 2015 pour siphonner Hydro Distributi­on à nos dépens!

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