Le Journal de Montreal

Génie québécois : un fleuron à préserver

- Robert Sauvé Ing., FIC, président de l’Ordre des ingénieurs du Québec

Toute la société québécoise compte sur la compétence de ses 60 000 ingénieurs pour apporter des solutions innovantes à une multitude de besoins concrets. Pourtant, on parle relativeme­nt peu du travail quotidien et des réalisatio­ns de ces profession­nels. Ces dernières années, quand on l’a fait, c’était souvent en réaction aux gestes condamnabl­es d’une minorité liée aux révélation­s de la commission Charbonnea­u.

Cette situation n’est pas sans affecter le moral et la fierté qui anime les profession­nels du génie. J’ai pu le constater en les rencontran­t lors de mon passage dans toutes les régions du Québec au cours des derniers mois. Parmi eux, plusieurs ont le sentiment que leur réputation a été entachée par associatio­n, alors qu’ils n’ont absolument rien à se reprocher.

Malgré ce contexte, les ingénieurs font preuve de résilience et continuent jour après jour de faire bénéficier la société de leur expertise, y compris dans des domaines moins traditionn­els comme le génie informatiq­ue et logiciel ou le génie de l’environnem­ent.

Qui sait que plus de 16 500 ingénieurs soutiennen­t le secteur manufactur­ier québécois dans toutes les régions du Québec? Sans eux, notre capacité à fabriquer et à exporter du matériel de transport, des produits métallique­s ou même des boissons et des aliments ne serait pas la même. Le commerce de gros et de détail s’appuie quant à lui sur plus de 2000 ingénieurs. Dans le domaine de l’informatio­n et des industries culturelle­s, plus de 1500 ingénieurs sont à l’oeuvre. Ces quelques exemples montrent bien qu’au 21e siècle, peu de produits ou de services peuvent se passer du génie et de ses profession­nels.

Les ingénieurs méritent que leur contributi­on à l’économie québécoise soit mieux comprise et appréciée par leurs concitoyen­s.

Il est indéniable qu’une minorité d’individus portant le titre d’ingénieur a par le passé posé des gestes répréhensi­bles. Ces individus doivent recevoir des sanctions à la hauteur de leurs méfaits; nos instances s’y affairent et ont les ressources pour y arriver. Pour les autres – la vaste majorité de la profession –, l’heure est venue de reprendre le chemin de la confiance et de la fierté.

Pour sa part, l’Ordre des ingénieurs du Québec s’engage à poursuivre vigoureuse­ment le travail amorcé pour que la situation vécue au cours des dernières années ne se reproduise plus. Au cours de la dernière année, l’Ordre a pris un virage qui présente de grandes similitude­s avec celui qui est présenteme­nt mis en place par le gouverneme­nt du Québec. Nous nous recentrons sur notre mission première (dans notre cas la protection du public) et nous rationalis­ons notre budget plutôt que d’augmenter sans cesse la cotisation de nos membres.

Individuel­lement et collective­ment, nous devrons aussi nous soucier de la vitalité de la profession. Compte tenu des besoins de la société, la protection et l’intérêt du public dépendent tout autant de cette vitalité que du travail de l’Ordre pour contrôler l’exercice de la profession.

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