Sortie interdite pour une démarche « opportuniste »
À peine deux mois après son arrivée en prison pour purger une peine d’un an, un pompier condamné pour avoir causé la mort de sa partenaire lors d’un marathon sexuel à saveur sadomasochiste réclamait sa libération. Il a mordu la poussière devant les commissaires aux libérations conditionnelles qui ont qualifié sa démarche d’«opportuniste».
«Vous savez depuis 2008 que vous devez consulter et traiter votre traumatisme. Or, vos récentes démarches apparaissent opportunistes», a tranché la CQLC dans une récente décision.
Dans le cadre d’un marathon sexuel en février 2008, l’adepte de sadomasochisme avait obligé sa partenaire à porter un large collier métallique au cou, puis l’avait attachée à une chaîne au plafond de son sous-sol. Il l’avait ensuite laissée seule, le temps d’aller faire une course à l’épicerie. À son retour, la femme était inanimée, pendue au bout de la chaîne.
AUCUN SUIVI
Reconnu coupable d’homicide involontaire et de négligence criminelle, il a été condamné à un an de prison en mai 2013. Mais ce n’est qu’en mars dernier que Patrick Deschâtelets s’est retrouvé derrière les barreaux, après avoir perdu en Cour d’appel.
En mai dernier, après deux mois en détention, l’homme de 48 ans a effectué une demande de permission de sortie préparatoire. Il souhaitait alors retourner vivre chez lui et se trouver un emploi, ne pouvant plus exercer le métier de pompier.
Or, la Commission a conclu que les démarches effectuées par Deschâtelets avant son incarcération n’ont pas démontré un processus de réinsertion sociale. En effet, après le drame, il a consulté un psychologue et un psychiatre, qui lui avaient alors diagnostiqué un choc post-traumatique et prescrit une médication. Mais après une trentaine de rendez-vous, il a cessé les rencontres en 2010, faute d’argent.
INTÉRÊT TROP RÉCENT
Depuis qu’il est détenu, Deschâtelets a prévu consulter à nouveau, dans un CLSC ou à l’Université de Montréal, où le coût des consultations est moins élevé. Mais aucun rendez-vous n’a été confirmé. La Commission conclut donc que son projet de sortie n’est pas «préparatoire à la libération conditionnelle», et qu’il «demeure vulnérable à l’écroulement émotionnel».
«Bien que vous ayez affirmé que vous seriez prêt à payer le coût des consultations, la Commission est d’avis que votre intérêt est récent», ont écrit les commissaires Guy Laroche et Manon Sauvé, en refusant sa demande de sortie.