L’encyclique « Laudato si » de François
Le pape François vient de publier son encyclique très attendue sur l’écologie. Le titre Laudato si, Loué sois-tu, reprend les premiers mots du Cantique des créatures de François d’Assise, patron des écologistes, auquel il fait l’éloge aux numéros 10 et 11.
C’est la première fois qu’un pape écrit une encyclique qui porte sur les questions environnementales, sur la sauvegarde de la terre qu’il appelle «la maison commune».
UNE INVITATION AU DIALOGUE
Laudato si se divise en six chapitres qui contiennent 246 numéros. Au premier chapitre, le pape pose un diagnostic sur «ce qui se passe dans notre maison». À la lumière de la foi chrétienne, il aborde au chapitre suivant «l’Évangile de la création». Ce qui l’amène à parler de «la racine humaine de la crise écologique». En prônant «une écologie intégrale», il propose au cinquième chapitre «quelques lignes d’orientation et d’action». Le dernier chapitre aborde «éducation et spiritualité écologiques».
François s’adresse ici non seulement aux fidèles catholiques, mais à tous les hommes de bonne volonté. Il invite au dialogue, à l’action, à une conversion intérieure pour affronter la crise écologique qui est également une crise sociale, humaine. Il montre que ce n’est pas seulement l’environnement naturel qui se dégrade, mais l’environnement humain quand les droits fondamentaux des plus défavorisés ne sont pas respectés. Pour lui, tout est lié. L’approche écologique doit donc incorporer une perspective sociale.
UNE ÉCOLOGIE INTÉGRALE DE LA VIE
Reconnaissant le réchauffement climatique, il pose la question de l’eau et de la perte de biodiversité. Il insiste sur le style de vie qu’il faut changer, car «la terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir» (no 21). Il propose ni plus ni moins que de redéfinir le progrès en revenant à la simplicité et à la sobriété, «cela suppose d’éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs» (no 222).
On le voit bien, le pape traite de l’écologie humaine, au-delà de sa seule dimension environnementale, reconnaissant que nous sommes gardiens de la création, de l’environnement, selon le dessein de Dieu. Il propose une vision intégrale de l’écologie qui touche l’économie, la culture, la société. Il dénonce le consumérisme et le relativisme, l’emprise de la technique sur la vie, le profit à tout prix. Mais il ne désespère pas de l’humanité, saluant «ceux qui luttent avec vigueur pour affronter les conséquences dramatiques de la dégradation de l’environnement sur la vie des plus pauvres dans le monde» (no 13).
Cette lettre encyclique me semble complète et très prophétique. Elle paraît quelques mois avant la conférence de Paris sur les changements climatiques. J’espère qu’elle sera une source d’inspiration pour tous.
Jacques Gauthier, poète, théologien et auteur du «Petit dictionnaire de Dieu», Gatineau