In French SVP
Le gouvernement du Québec a annoncé jeudi dernier par la voie de la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, qu’il ne s’opposera pas à la décision de la Cour d’appel du Québec sur l’affichage des marques de commerce comme noms d’entreprise.
N’en déplaise à plusieurs, le français n’a jamais été en meilleure posture au Québec
Du même souffle, la ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, Hélène David, annonçait que le gouvernement modifiera le Règlement sur la langue du commerce et des affaires. Dans les faits, la Cour d’appel statuait que le Règlement du gouvernement du Québec comportait une faille qui faisait en sorte que l’on ne pouvait pas exiger des entreprises ayant un nom strictement anglophone d’y inclure une notion de français.
UN CHIEN DE GARDE DOCILE
Malgré sa volonté de modifier le comportement de ces entreprises, le gouvernement dit ne pas vouloir être contraignant. Un chien qui jappe, mais qui ne mord pas vraiment. Ainsi on exigera des changements, mais on ne peut garantir que l’Office québécois de la langue française sera outillé et légitimé à intervenir dans l’application de la nouvelle mouture du Règlement.
Selon la ministre David, non moins de 20 % des entreprises oeuvrant sur le territoire québécois seraient des marques de commerce uniquement anglaises. Une sur cinq. C’est énorme.
On veut à tout prix éviter de faire fuir les compagnies étrangères qui pourraient être rebutées par l’impact financier de telles modifications. Le bruit court donc que l’État pourrait dédommager les grandes compagnies qui feraient face à d’importants déboursés pour se plier aux nouvelles exigences toutes québécoises.
Une question apparaît dès lors essentielle: devrons-nous payer, en cette période de pseudo-austérité, pour que Wal-Mart nous informe qu’il s’agit d’un magasin à grande surface à bas prix? Que Best Buy est un magasin d’électronique? Que Cotsco est un entrepôt? Old Navy une boutique de vêtements?
L’ÉQUILIBRISTE
En analysant le contexte politique, il faut se rendre à l’évidence. Philippe Couillard était pris entre 2 chaises: donner des arguments supplémentaires aux plus ardents souverainistes qui clament que le premier ministre n’a pas assez à coeur la sauvegarde du français, ou se montrer sévère, sans appel et directif envers les compagnies anglophones récalcitrantes. Monsieur Couillard a décidé de faire le grand écart. Opter pour la solution mitoyenne. Certains défendront cette position d’équilibriste en arguant que bon nombre de dossiers litigieux attendent le premier ministre dans le détour. Nul besoin d’en ajouter davantage. Alors, on décide d’y aller pour le populisme, la facilité quoi. On frappe, mais avec un bâton en coton-tige et on paie pour les dommages en plus!
Le pari semble politiquement peu risqué à première vue, mais le problème est le suivant: il n’y a justement pas de problème. N’en déplaise à plusieurs, le français n’a jamais été en meilleure posture au Québec. Il faut demeurer vigilant, j’en conviens. Nous ne devrions jamais accepter de nous faire servir uniquement en anglais dans un commerce de la rue Ste-Catherine par exemple. Nous devons faire valoir notre unicité, notre spécificité. Mais exiger de Wal-Mart qu’ils inscrivent «les magasins» en avant de leur logo?
Come on!