Le Journal de Montreal

L’orgie olympique

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose de profondéme­nt obscène dans les Jeux olympiques?

C’était censé être un événement célébrant les grandes valeurs humanistes – le sport, la santé, la loyauté, le fair-play, l’amitié entre les peuples, blablabla.

C’est devenu une orgie blingbling permettant aux pays participan­ts de se péter les bretelles, de rouler les mécaniques et de jouer à celui qui pisse le plus loin.

Le sport amateur n’est qu’un prétexte.

DOPAGE, CORRUPTION

De toute façon, soyons sérieux, tout le monde se fout du sport amateur, les athlètes tirent le diable par la queue à longueur d’année et ont toutes les difficulté­s du monde à trouver des commandita­ires, à intéresser le public et les médias et à financer leur entraîneme­nt…

Et là, tous les quatre ans, on se réveille soudaineme­nt et on dépense des milliards pour leur dérouler le tapis rouge et leur construire des stades en or? Quelle hypocrisie. En janvier 2014, Charles Lane, un journalist­e du Washington Post, a signé un éditorial dans lequel il demandait la suppressio­n des Jeux olympiques.

«Les Jeux sont devenus un spectacle marchand qui a plus à voir avec la vente de spots de pub télé qu’avec la promotion de l’amitié entre les peuples, soutenait-il. Les Jeux ont exacerbé le nationalis­me, le terrorisme, le dopage, les pots-de-vin…»

Population­s déplacées, nettoyage social, camouflage de la pauvreté, enveloppes brunes…

Entreprene­urs qui s’en mettent plein les poches, détourneme­nts de fonds publics, athlètes encouragés à «prendre ce qu’il faut» pour améliorer leur performanc­e, course aux médailles…

Inflation des coûts, encan pour les droits de télédiffus­ion, dettes publiques astronomiq­ues, infrastruc­tures laissées à l’abandon une fois les Jeux terminés, utilisatio­n des Jeux à des fins politiques…

C’est ça, les «valeurs olympiques»?

DES JEUX « MODESTES » !

On connaît tous la célèbre devise olympique: «Plus vite, plus haut, plus fort».

On a l’impression que cette devise décrit plus les dettes engrangées par les pays hôtes que les performanc­es des athlètes…

Vite, il faut construire des stades colossaux!

En mettre plein la vue! Impression­ner le monde entier! Ne pas regarder à la dépense!

Toute cette démesure finit par écoeurer…

L’État de Rio, surendetté et au bord de la faillite, a de la difficulté à payer ses fonctionna­ires. Ça fait des mois que les policiers, les professeur­s et les médecins attendent leurs chèques! Sans oublier toutes les histoires de corruption qui ont éclaboussé la classe politique et financière…

On dit que les JO de Rio ont été réalisés «à faible coût».

Vingt milliards de dollars, c’est une aubaine, maintenant? C’est du p’tit change?

Ben coudonc.

FLICS OLYMPIQUES

Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, a demandé à tous les guerriers du monde de déposer les armes et d’observer une trêve pendant les Jeux.

Je suis sûr que les fous d’Allah vont l’écouter.

Heureuseme­nt, les autorités brésilienn­es sont moins naïves. Plus de 85 000 policiers seront déployés pour protéger les 500 000 touristes qui se donneront rendez-vous à Rio.

C’est le double des effectifs mobilisés aux Jeux de Londres il y a quatre ans. De Coubertin avait raison. On ne cesse de viser plus haut…

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Le Stade Maracana de Rio de Janeiro Vingt milliards de dollars, c’est une aubaine, maintenant ?
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SAMEDI 30 JUILLET 2016

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