Les joies de la paternité chamboulées par Phénix
Un père de famille s’est retrouvé privé de salaire pendant deux mois et demi
OTTAWA | Espérant profiter de ses congés parentaux pour embrasser les joies de la paternité, un employé de la Défense nationale a plutôt été confronté aux ratés du nouveau système de paye Phénix du gouvernement fédéral. À l’instar de milliers de fonctionnaires fédéraux, Simon Richard, nouvellement papa de la petite Florence, s’est retrouvé privé de salaire pendant deux mois et demi en raison des nombreuses failles de ce système implanté au début de l’année (voir autre texte). «Tous mes problèmes de paye actuels sont liés aux congés parentaux que je prends cette année», s’exclame-t-il. M. Richard, qui a pris un premier congé à la naissance de sa fille en février dernier, dit avoir dû patienter un mois avant d’obtenir son relevé d’emploi lui donnant droit à ses prestations. Il a ensuite été privé de cinq chèques de paye après avoir repris le travail en mai dernier.
10 000 $ DE RETARD
Le gouvernement lui doit ainsi plus de 10000$ en indemnités parentales et en salaire. «Sur le plan financier, ça a complètement brûlé nos économies. Nous avons été obligés de sortir de l’argent de nos comptes CELI et nous avons dû demander de l’aide financière à notre famille», raconte-t-il.
Les soucis financiers ont aussi eu un impact sur le climat familial. «Ça a créé énormément de stress. On était rendus à parler tout le temps d’argent pendant notre congé parental. Donc on a perdu du temps de qualité avec les enfants, fait-il valoir. Je n’ai pas beaucoup lâché le téléphone, alors que je serais censé bercer ma fille en ce moment», poursuit-il.
Si M. Richard a finalement reçu un premier chèque de paye mercredi dernier, plusieurs questions restent en suspens. «Je n’ai pas accès au système informatique et le centre de paye est débordé, alors j’attends leur appel pour qu’il m’explique la nature du paiement», ditil.
SALAIRE RÉDUIT
D’autres fonctionnaires ayant accepté de parler au Journal sous le couvert de l’anonymat ont confié vivre des situations similaires.
Une employée des Affaires mondiales, Audrey, dont les horaires de travail sont irréguliers, vit aussi avec un salaire réduit depuis plusieurs mois. «Depuis le mois de septembre 2015, je ne recevais pas ma paye normale, je recevais moins que ma paye, explique-t-elle. J’ai reçu une paye de 11000$ en mai dernier, mais ils ne savent pas pourquoi», ajoute-t-elle.
Cette fonctionnaire dit avoir perdu l’envie de faire des heures supplémentaires, alors que son travail peut l’amener à travailler 20 heures d’affilée en cas de crises humanitaires. «Ça ne me tente plus. Tu rentres pour aider des Canadiens, mais en même temps tu sais que tu ne verras jamais la lumière de cet argent-là», lance-t-elle.