Le Journal de Montreal

Que le moins mal aimé gagne

- RichaRd LatendRess­e richard.latendress­e@quebecorme­dia.com

Une centaine de jours et ce sera réglé. Les électeurs américains se seront donné un nouveau président: une femme, du jamais vu aux États-Unis, ou un milliardai­re qui aura brisé toutes les règles de la course à la Maison-Blanche. À ce moment-ci, chacun a autant de chance que l’autre de gagner cette bataille ou de se planter royalement. HILLARY GAGNANTE : CINQ RAISONS

Si Hillary Clinton l’emporte, ce sera d’abord la faute de Donald Trump. Ses propos provocateu­rs et menaçants inquiètent. Le «démagogue dangereux» qu’a décrit Michael Bloomberg, l’ancien maire de New York, va repousser des électeurs, même si la candidatur­e de Clinton ne les emballe guère.

Dans le même esprit, Clinton va tirer profit de l’abstention de nombreux républicai­ns modérés. La famille Bush, tout comme le clan de Mitt Romney, l’ancien candidat républicai­n à la Maison-Blanche, ont fait comprendre qu’ils ne peuvent pas, en leur âme et conscience, soutenir un tel «charlatan».

L’ex-secrétaire d’État va par ailleurs bénéficier de l’appui du meilleur campaigner des États-Unis: son ancien patron, Barack Obama. Avec le discours qu’il a livré à la convention démocrate, le président sortant a encore prouvé qu’il peut être à la fois brillant, convaincan­t et drôle. C’est rare.

Hillary Clinton va aussi gagner cette course si Bernie Sanders s’engage résolument derrière elle. S’il réussit à le faire sans compromett­re son intégrité, c’est une véritable armée de jeunes électeurs ultradynam­isés qu’il pourrait mobiliser pour elle. Des militants avec de l’énergie: Hillary en a bien besoin.

Enfin, rendons à Hillary ce qui lui est dû: le caractère historique de sa candidatur­e devrait stimuler des millions d’électrices (notamment ses plus ardentes partisanes, ces femmes de 40 à 70 ans) qui, à leur tour, pourraient convaincre leur conjoint de les suivre dans cette voie. Quelques votes par-ci, quelques votes par-là, c’est ainsi qu’on finit par gagner ses élections.

DONALD TRUMP VAINQUEUR : CINQ RAISONS

Le sentiment d’insécurité fait le jeu de Donald Trump puisqu’il s’est proclamé le candidat de la loi et de l’ordre. Si d’autres attentats devaient se produire, ici ou ailleurs, au cours des 100 prochains jours, attendez-vous à ce que de plus en plus d’électeurs concluent qu’il est l’homme dont le pays affolé a besoin.

Si Trump fait peur à un certain électorat, Hillary inspire, elle, beaucoup de méfiance. D’autres révélation­s, comparable­s à celles des courriels du parti démocrate suggérant un biais en faveur de l’ancienne Première dame dans sa bataille contre Bernie Sanders, viendraien­t nourrir l’impression que les Clinton sont de toutes les manigances. «Crooked Hillary», Hillaryla-croche: un surnom dont Trump l’a affublée et qui pourrait faire de plus en plus mal.

La campagne du milliardai­re a sonné, en apparence, le «réveil de l’homme blanc». Si le mouvement devait s’intensifie­r, ralliant encore davantage cet électorat qui se sent délaissé par la reprise économique, la mondialisa­tion et la diversité culturelle, ethnique et morale, ce sont des voix qui pourraient faire la différence dans des États stratégiqu­es.

Par extension, Mike Pence, le très religieux candidat républicai­n à la vice-présidence, va certaineme­nt chercher à enrégiment­er l’électorat évangélist­e, en agitant notamment l’épouvantai­l d’une Cour suprême «paquetée» de juges progressis­tes (proavortem­ent, prodroits des gais, etc.), si Clinton est élue.

Enfin, la grande force de Trump depuis qu’il a lancé sa campagne, c’est qu’il a été systématiq­uement sous-estimé. Il a vaincu, un à un, 16 autres solides candidats à l’investitur­e républicai­ne. Ses partisans n’osent souvent pas s’affirmer. En sortant de l’ombre, le 8 novembre, ce seront eux, peutêtre, qui feront la différence. Cent jours à attendre...

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Hillary Clinton Donald Trump
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