Que le moins mal aimé gagne
Une centaine de jours et ce sera réglé. Les électeurs américains se seront donné un nouveau président: une femme, du jamais vu aux États-Unis, ou un milliardaire qui aura brisé toutes les règles de la course à la Maison-Blanche. À ce moment-ci, chacun a autant de chance que l’autre de gagner cette bataille ou de se planter royalement. HILLARY GAGNANTE : CINQ RAISONS
Si Hillary Clinton l’emporte, ce sera d’abord la faute de Donald Trump. Ses propos provocateurs et menaçants inquiètent. Le «démagogue dangereux» qu’a décrit Michael Bloomberg, l’ancien maire de New York, va repousser des électeurs, même si la candidature de Clinton ne les emballe guère.
Dans le même esprit, Clinton va tirer profit de l’abstention de nombreux républicains modérés. La famille Bush, tout comme le clan de Mitt Romney, l’ancien candidat républicain à la Maison-Blanche, ont fait comprendre qu’ils ne peuvent pas, en leur âme et conscience, soutenir un tel «charlatan».
L’ex-secrétaire d’État va par ailleurs bénéficier de l’appui du meilleur campaigner des États-Unis: son ancien patron, Barack Obama. Avec le discours qu’il a livré à la convention démocrate, le président sortant a encore prouvé qu’il peut être à la fois brillant, convaincant et drôle. C’est rare.
Hillary Clinton va aussi gagner cette course si Bernie Sanders s’engage résolument derrière elle. S’il réussit à le faire sans compromettre son intégrité, c’est une véritable armée de jeunes électeurs ultradynamisés qu’il pourrait mobiliser pour elle. Des militants avec de l’énergie: Hillary en a bien besoin.
Enfin, rendons à Hillary ce qui lui est dû: le caractère historique de sa candidature devrait stimuler des millions d’électrices (notamment ses plus ardentes partisanes, ces femmes de 40 à 70 ans) qui, à leur tour, pourraient convaincre leur conjoint de les suivre dans cette voie. Quelques votes par-ci, quelques votes par-là, c’est ainsi qu’on finit par gagner ses élections.
DONALD TRUMP VAINQUEUR : CINQ RAISONS
Le sentiment d’insécurité fait le jeu de Donald Trump puisqu’il s’est proclamé le candidat de la loi et de l’ordre. Si d’autres attentats devaient se produire, ici ou ailleurs, au cours des 100 prochains jours, attendez-vous à ce que de plus en plus d’électeurs concluent qu’il est l’homme dont le pays affolé a besoin.
Si Trump fait peur à un certain électorat, Hillary inspire, elle, beaucoup de méfiance. D’autres révélations, comparables à celles des courriels du parti démocrate suggérant un biais en faveur de l’ancienne Première dame dans sa bataille contre Bernie Sanders, viendraient nourrir l’impression que les Clinton sont de toutes les manigances. «Crooked Hillary», Hillaryla-croche: un surnom dont Trump l’a affublée et qui pourrait faire de plus en plus mal.
La campagne du milliardaire a sonné, en apparence, le «réveil de l’homme blanc». Si le mouvement devait s’intensifier, ralliant encore davantage cet électorat qui se sent délaissé par la reprise économique, la mondialisation et la diversité culturelle, ethnique et morale, ce sont des voix qui pourraient faire la différence dans des États stratégiques.
Par extension, Mike Pence, le très religieux candidat républicain à la vice-présidence, va certainement chercher à enrégimenter l’électorat évangéliste, en agitant notamment l’épouvantail d’une Cour suprême «paquetée» de juges progressistes (proavortement, prodroits des gais, etc.), si Clinton est élue.
Enfin, la grande force de Trump depuis qu’il a lancé sa campagne, c’est qu’il a été systématiquement sous-estimé. Il a vaincu, un à un, 16 autres solides candidats à l’investiture républicaine. Ses partisans n’osent souvent pas s’affirmer. En sortant de l’ombre, le 8 novembre, ce seront eux, peutêtre, qui feront la différence. Cent jours à attendre...