Le QI de boxe d’Adonis
QUÉBEC | Dans le vestiaire d’Adonis Stevenson, ça bourdonnait. Une équipe de la télévision haïtienne par internet était sur place et interviewait joyeusement tous les parents et les amis du boxeur qui venaient de vivre l’excitation d’un combat sans merci entre deux guerriers.
Les gardes du corps avaient un peu relâché leur vigilance puisque leur patron était encore sous la douche avant d’aller rencontrer les médias.
En fait, Stevenson était déjà en train de se rhabiller. Il avait un grand sourire et les yeux lumineux: «Je pense que les gens ont aimé le combat», a-t-il dit avant même que je lui pose une question.
Aimé le combat? C’est un euphémisme! Peut-être que Stevenson se doutait que la perception du public de boxe venait de changer en un peu plus de 15 minutes de boxe.
On trouvait que Stevenson avait eu trop de combats faciles. On l’accusait de se défiler devant Sergey Kovalev et Jean Pascal. On trouvait des raisons de ne pas aimer le champion.
KOVALEV SE FERAIT BATTRE
Thomas Williams avait promis que le combat entre lui et Stevenson ne dépasserait pas six rounds. Il avait eu raison. C’était impossible qu’une guerre comme celle que se sont livrée les deux hommes puisse s’éterniser. Les deux visaient le knock-out à chaque coup. Et les deux atteignaient la cible avec une puissance terrifiante.
Stevenson a été obligé de rentrer dans le combat. Il n’y avait pas moyen de se battre à distance contre une pareille furie. Mais il l’a fait en boxant beaucoup mieux que Williams. Et dès le troisième round, c’est avec une application calculée que le champion a sapé les forces de Williams avec des coups au corps à faire tomber un arbre.
Ne parlons plus de combat facile après la bataille du Centre Vidéotron.
Quant à Sergey Kovalev, le Stevenson de vendredi soir aurait décisivement battu le Kovalev qu’on a vu contre Isaac Chilamba il y a deux semaines en Russie. Mais on verra bien un jour.
En fait, depuis vendredi, je comprends pourquoi Yvon Michel ne cesse de répéter en privé que Stevenson battrait facilement le Russe. «Les gens n’ont aucune idée du QI de boxe d’Adonis Stevenson», ne cesse-t-il de dire.
Ils en ont maintenant une idée. Arriver à prendre le contrôle d’un combat contre pareille tornade, ça demande une très grande intelligence du ring.
Quant à Jean Pascal, le refus de Stevenson de l’affronter est personnel. Et je ne sais pas quel nombre de millions ça prendrait pour le convaincre de croiser les gants contre son frère haïtien.
DES PERDANTS GENTILHOMMES
Après le combat, j’ai longuement discuté avec Robert Berridge et ses deux entraîneurs dans le couloir menant au vestiaire de Stevenson. Trois gentlemen comme on en rencontre si souvent dans l’univers éclaté de la boxe. Berridge avait le visage en compote des suites des coups d’Eleider Alvarez. Des coups nombreux, mais pas très puissants et très peu spectaculaires: «J’ai fait la distance avec cinq jours d’avis et vingt heures passées dans un avion. Avec un camp d’entraînement de six semaines et un plus long séjour à Québec, je le battrais», a-t-il dit.
En tous les cas, il a suscité quelques questions. Dont une va peser sur Yvon Michel: «Alvarez peut-il monter dans le même ring que Stevenson?»
Je connais déjà la réponse. Alvarez a battu Chilamba et il est le premier aspirant à la ceinture WBC. Et ça fait déjà presque un an qu’il attend.
Hier matin, j’étais prêt à enfourcher la moto quand Thomas Williams est arrivé avec son fils. Il était de bonne humeur: «Stevenson frappe dur. Mais je vais revenir. Je n’ai que 28 ans, vous allez me revoir», a-t-il dit en posant avec un jeune admirateur.
Il a raison. On va le revoir au sommet de la division…
J’aimerais même qu’il participe à la soirée du 16 décembre à Québec.