Le Journal de Montreal

Elle peine à comprendre le décès

Une future maman dont le conjoint est mort tragiqueme­nt en février s’étonne que personne n’ait vu le danger

- Claudia Berthiaume CBerthiaum­eJDM

À une semaine d’accoucher, Gabrielle Jolicoeur trouve que beaucoup de questions demeurent sans réponse après la publicatio­n du rapport sur l’accident de travail qui a coûté la vie à son conjoint.

Les conclusion­s de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) concernant la mort d’Éric Martel (voir autre texte) n’ont pas surpris sa conjointe.

«C’est ce à quoi je m’attendais», a dit d’emblée Gabrielle Jolicoeur lorsque Le Journal l’a rencontrée chez elle, hier.

Le mécanicien d’ascenseur a perdu la vie le 19 février dernier lorsque son bras gauche s’est coincé dans le mécanisme d’un tapis mobile reliant le métro au pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal. L’homme de 27 ans effectuait l’entretien hebdomadai­re de la machine, une tâche qu’il avait l’habitude d’accomplir.

LA POINTE DE L’ICEBERG

Ce qui étonne Mme Jolicoeur, qui travaille aussi dans le domaine de la constructi­on, c’est que personne n’ait vu le danger.

«En 50 ans [depuis l’installati­on du tapis], personne n’a jamais remarqué qu’il y avait une zone dangereuse? Est-ce qu’on l’a vue et qu’on n’a rien fait?» se demande-t-elle.

«J’ai l’impression qu’on a juste couvert la surface et qu’il y a un iceberg en dessous», continue la femme de 27 ans qui ne montre personne du doigt pour la mort de son Éric. La publicatio­n du rapport, hier, a replongé la future maman dans un tourbillon d’émotions, à huit jours de son accoucheme­nt.

«Tout ça a été un paquet de stress. Je n’ai pas tant profité de ma grossesse», dit celle qui a composé tour à tour avec la succession et les enquêtes de la CNESST et du coroner.

Gabrielle Jolicoeur était enceinte de 13 semaines quand son conjoint est mort tragiqueme­nt. Le couple venait d’acheter une maison à Mascouche.

BIEN ENTOURÉE

Faisant preuve d’une résilience admirable, la jeune femme a rénové la chambre de sa fille à naître avec l’aide d’amis et de la famille Martel, dont elle est très proche.

«La soeur d’Éric est venue avec moi à mes cours prénataux et je lui ai demandé d’être là pour l’accoucheme­nt», souligne-t-elle.

Ce qui attriste Gabrielle Jolicoeur, c’est la crainte de ne jamais avoir une vie de famille normale. «Je vais avoir un deuxième deuil à faire après la naissance, illustre-telle. Je vais toujours être celle qui a perdu son conjoint quand elle était enceinte.»

La future maman compte garder le souvenir de son conjoint bien vivant, au-delà des photos qui ornent sa résidence. En hommage, sa fille se prénommera Érika. Le syndicat du mécanicien a créé l’«Eric Martel Memorial Fund» sur GoFundMe, pour aider Gabrielle Jolicoeur.

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Gabrielle Jolicoeur a placé une photo de son conjoint Éric Martel au-dessus du lit de sa petite Érika pour qu’il veille sur elle. En mortaise, le couple quelque temps avant le décès de l’employé de l’entreprise Ascenseurs Viau.
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