Les travaux ralentis par l’état des routes
L’avance prise durant l’hiver a fondu à cause de contraintes de transport imposées par Québec et Ottawa
La construction du nouveau pont Champlain subit des retards et des coûts additionnels parce que le constructeur n’a pas le droit de transporter la majorité de ses matériaux lourds par camion.
Le mauvais état des routes et des viaducs du Québec ne donnent pas des maux de tête qu’aux automobilistes.
Au début de la construction du nouveau pont Champlain, le consortium Signature sur le Saint-Laurent (SSL) prévoyait transporter par camion toutes les pièces du pont préfabriquées au Québec et aux États-Unis. Celles-ci peuvent peser jusqu’à 80 tonnes. Cette option était la plus économique et la plus flexible, selon SSL.
Or, Québec et Ottawa ont rapidement fait tomber ce plan à l’eau en imposant une série de contraintes sur le poids des charges transportées par le consortium sur les infrastructures routières provinciales et fédérales.
«On aurait voulu passer 100% de nos chargements par la route, mais l’état des infrastructures au Québec fait qu’on ne peut le faire […] Nous avons donc été appelés à changer fondamentalement notre stratégie de transports et voir comment on pouvait utiliser davantage le fleuve Saint-Laurent et les voies ferrées», a indiqué Daniel Genest, directeur de la coordination chez SSL.
«On avait pris une certaine avance sur la construction de la portion haubanée, mais le changement [dans notre stratégie de transports] fait qu’on a perdu cette avance et on commence à avoir des retards […] La nouvelle solution hybride coûte plus cher que notre première soumission, donc c’est clair que ça va coûter plus cher pour le volet transport», a continué M. Genest.
ÉTÉ CHAUD
SSL, qui doit maintenant se tourner vers le transport maritime, rencontre toutefois un autre obstacle sur sa route: la météo des derniers mois.
Les importantes chaleurs vécues cet été et la rareté de la pluie ont fait baisser le niveau de l’eau du fleuve. Cela a un impact important sur le poids qui peut être transporté par une barge sur le chantier sans que celle-ci touche le fond de l’eau.
«Lorsqu’on installe des pièces du pont sur des barges, le poids fait descendre le bateau dans l’eau. On prévoyait initialement transporter huit segments de béton par barge, mais à cause de l’été exceptionnel qu’on a eu, on a dû réduire ce nombre à six», a expliqué M. Genest.
Il assure tout de même que l’échéancier global du projet de 4,24 milliards de dollars est toujours respecté.