Le Journal de Montreal

« Rien ne peut arrêter ce projet »

Le PDG de Pétrolia se prononce sur l’exploratio­n d’hydrocarbu­res à Anticosti

- ALAIN LAFOREST

Rien ni personne ne peut arrêter l’exploratio­n d’Hydrocarbu­res sur l’île d’Anticosti, clame le PDG de Pétrolia.

«Rien ne peut arrêter ce projet et, c'est l'esprit dans lequel il a été négocié par le gouverneme­nt, que rien ne peut arrêter ce contrat», soutient Alexandre Gagnon qui est à la tête de Pétrolia depuis mai 2014.

Dans une rare entrevue, accordée à TVA Nouvelles, Alexandre Gagnon a souhaité revenir sur la saga entourant l’exploratio­n des hydrocarbu­res sur l’île d’Anticosti.

Il montre du doigt le premier ministre Couillard pour la tournure des événements. Le PDG de la compagnie pétrolière s’explique mal les déclaratio­ns multiples du premier ministre depuis la conférence sur les changement­s climatique­s de Paris.

«Il faut laisser la chance à la science, il faut aller au bout des choses et j'espère, comme Québécois, que l'État va respecter ses contrats», affirme le PDG lorsqu’on lui demande ce qu’il aimerait dire au premier ministre.

Le PDG a eu l’impression au cours des derniers mois de se battre contre des moulins à vent pour obtenir ses trois permis de forage par fracturati­on qui sont prévus à son contrat.

CONTRE DES MOULINS À VENT

«L'ingérence ou l'interféren­ce politique, c'est ce qui crée un peu ces moulins à vent là, dit-il. Parce que c'est dur de saisir pour quelqu'un comme moi, qui essaie de faire des affaires, quel est l'objectif derrière les déclaratio­ns du premier ministre, je ne comprends pas», conclut-il. Le financier, qui a travaillé pour la Caisse de dépôt, a rejoint Pétrolia en 2011. Il explique que c’est l’ancien premier ministre Lucien Bouchard qui a négocié pour Pétrolia le contrat avec le gouverneme­nt Marois, un contrat qui tient dans trois énormes cartables que TVA Nouvelles a vus, mais n’a pu consulter.

«Depuis la conférence de Paris, le titre de Pétrolia a perdu 40 à 50 % de sa valeur», se désole le PDG de la pétrolière qui répète qu’en agissant de la sorte, le gouverneme­nt risque gros.

Québec pourrait devoir débourser 105 millions de dollars, uniquement pour la phase d’exploratio­n. C’est presque le double de ce qui était prévu lors de la signature avec le gouverneme­nt Marois.

M. Gagnon insiste: «Il faut se rappeler que c'est un projet gouverneme­ntal, le projet Anticosti. Le gouverneme­nt en est le plus grand actionnair­e, c'est aussi le plus grand actionnair­e de Pétrolia».

La compagnie, qui a dû retarder ses trois forages d'un an, doit retourner devant les tribunaux cet automne pour régler un litige avec un de ses associés, la pétrolière française Maurel et Prom qui veut se retirer.

« JOUER À L’AUTRUCHE »

Les hydrocarbu­res n’ont pas la cote au Québec, affirme Alexandre Gagnon. Le PDG de Pétrolia n’arrive pas à comprendre l’attitude du gouverneme­nt, surtout que le Québec importe en moyenne annuelleme­nt 15 milliards de dollars en hydrocarbu­res.

«On pousse, dit Alexandre Gagnon, c'est très louable de consommer localement des produits maraîchers, les fraises, les tomates et tout ça, mais quand il est question d'hydrocarbu­re, ça peut venir de n'importe où, tant qu'on ne le sait pas, mais surtout pas d'ici», déclare-t-il.

«Est-ce qu'il y a une garantie qu'il va y avoir une exploitati­on sur Anticosti? On ne sait même pas si l'exploratio­n va être bonne, c'est un projet pour déterminer “Y a-t-il quelque chose d'exploitabl­e commercial­ement?” et actuelleme­nt, on préfère un peu jouer à l'autruche, ne pas savoir», regrette le PDG.

Le gouverneme­nt a autorisé l’entreprise à effectuer les forages prévus à son contrat après une longue bataille.

Depuis, la municipali­té de L’Île-d'Anticosti a entrepris des démarches pour faire inscrire l’endroit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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ALEXANDRE GAGNON PDG de Pétrolia

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