Le parrain le voulait vivant pour le torturer
Vito Rizzuto aurait fait souffrir le caïd Ducarme Joseph pour venger son fils
Le caïd Ducarme Joseph a connu une mort rapide il y a deux ans, criblé de balles en pleine rue. Mais le parrain de la mafia avait d’autres plans pour lui, incluant la torture, pour avoir supposément participé au meurtre de son fils.
Vito Rizzuto voulait le chef de gang de rue «vivant pour le faire souffrir», révèlent des documents judiciaires liés aux opérations policières Magot et
Mastiff qui ont permis l’arrestation de plusieurs leaders du crime organisé, en novembre dernier.
Hier, le juge Thierry Nadon a autorisé la publication de certaines informations contenues dans ces documents, à la demande du Journal et d’autres médias.
« DIX ÉQUIPES » À SES TROUSSES
Ces renseignements, tirés de sources du milieu criminel par l’Escouade régionale mixte (ERM) de lutte contre le crime organisé de Montréal, tendent à appuyer la thèse envisagée par la police voulant que Ducarme Joseph ait trempé dans le meurtre de Nick Rizzuto Jr.
Pour se venger, la mafia et ses partenaires du crime organisé auraient même mis pas moins de «dix équipes» d’hommes de main aux trousses du caïd qu’on surnommait «Kenny», selon des affidavits signés par des enquêteurs de l’ERM.
Nick Rizzuto Jr., fils aîné du parrain, avait été abattu à côté de sa Mercedes, tout près des bureaux de l’entrepreneur en construction Tony Magi, sur le chemin Upper Lachine, le 28décembre 2009, dans le quartier Notre-Dame-deGrâce.
Au moment de ce meurtre toujours non élucidé, son père Vito était incarcéré aux ÉtatsUnis pour son rôle dans trois meurtres. Moins d’un an plus tard, son grand-père Nicolo est mort dans la cuisine de sa résidence de la rue AntoineBerthelet quand un tireur embusqué dans un boisé l’a atteint d’une balle qui a traversé une fenêtre.
« CONTRAT DE LA MAFIA »
Libéré de prison et revenu au pays en octobre 2012 pour reprendre les rênes de la mafia, Vito Rizzuto est toutefois décédé alors que Joseph semblait toujours introuvable.
Le 23 décembre 2013, le parrain de 67 ans a succombé à une pneumonie, lui qui combattait également un cancer.
Ducarme Joseph, qui a déjà fait la loi au centre-ville de Montréal après avoir fondé le gang de rue 67, a rendu son dernier souffle sept mois plus tard.
Le soir du 1er août 2014, le caïd de 46 ans s’est fait mitrailler en pleine rue dans le quartier Saint-Michel, non loin de la résidence de sa mère. Le tueur a abandonné sur place son arme semi-automatique et n’a jamais été retrouvé.
Les informations des sources de l’ERM viennent aussi appuyer la thèse que l’assassinat de Joseph serait «un contrat» du crime organisé italien.
Le SPVM l’avait avisé à plus d’une reprise que sa tête était mise à prix.
EN DISGRÂCE
Ducarme Joseph avait, semble-t-il, perdu tout respect dans le monde interlope, parce qu’il ne payait pas ses dettes et qu’il «volait les jeunes» impliqués dans le milieu criminel, selon les documents de l’ERM.
Le 18 mars 2010, Ducarme Joseph avait échappé à une fusillade qui a fait deux morts – dont son garde du corps – à l’intérieur de sa boutique de vêtements, le Flawnego, dans le VieuxMontréal.