Isabelle Gaston retirera sa plainte contre une psychiatre
L’ex-conjointe de Guy Turcotte laisse tomber après cinq ans d’un combat coûteux Après cinq ans de combat, Isabelle Gaston a décidé de retirer une plainte contre la psychiatre qui avait contribué à faire déclarer Guy Turcotte non criminellement responsable
«Ce n’est pas à cause du deuxième procès [où Turcotte a été reconnu coupable de meurtre au deuxième degré], mais avec le temps, la guérison de ma souffrance, je me suis dit que ça suffisait pour moi», explique Mme Gaston.
Depuis 2011, la mère des défunts Anne-Sophie et Olivier, 3 et 5 ans, s’était engagée dans une bataille contre les psychiatres experts à la cour, et plus spécifiquement contre la Dre Dominique Bourget, experte en psychiatrie légale.
« CONTENU INADÉQUAT »
Elle lui reprochait entre autres un «contenu inadéquat d’une expertise ou d’un témoignage» ainsi qu’un «débordement de champ de compétence». Selon Mme Gaston, qui est aussi médecin, la psychiatre avait même compromis son indépendance professionnelle lors de son témoignage.
Rappelons qu’au premier procès, la psychiatre avait entre autres insisté sur l’importance du fait que Turcotte avait bu du lave-glace avant les meurtres, commis en février 2009 à Piedmont, dans les Laurentides. Mais au second procès, elle avait minimisé le rôle de cette substance.
Entre les deux témoignages, la Cour suprême avait apporté des clarifications sur l’intoxication volontaire dans le cadre d’une défense de non-responsabilité criminelle.
Mme Gaston avait d’abord déposé une plainte au Collège des médecins. Mais tout semble indiquer que le syndic du Collège n’a pas voulu la retenir. Plutôt que d’abandonner, Mme Gaston a déposé une plainte privée.
PROCÉDURES COÛTEUSES
Or, les procédures lui ont coûté cher. «Pour aller jusqu’au bout, j’aurai dû hypothéquer ma maison, renoncer à ma vie, explique Mme Gaston. J’ai pensé à une levée de fond, mais j’avais peur de trop médiatiser l’affaire.»
Mme Gaston croit toutefois que le Collège devrait toujours se pencher sur le rôle des psychiatres experts à la cour et sur la façon d’assurer leur impartialité.
D’ailleurs, même si elle demandera le retrait de sa plainte le 6 septembre prochain, ce sera au conseil de discipline de trancher, explique la porte-parole du Collège des médecins Caroline Langis.
«Du moment que la plainte est déposée, elle appartient au Collège qui a pour objectif de protéger le public, explique-telle. Le Conseil a le dernier mot.»
«Peut-être qu’il est temps que d’autres personnes se lèvent... J’ai sensibilisé les gens», a pour sa part conclu Isabelle Gaston.