Un attentat-suicide tue 11 policiers en Turquie
ISTANBUL | (AFP) Le premier ministre turc Binali Yildirim a promis des représailles aux «vils» auteurs d’un attentat-suicide à la voiture piégée qui a tué au moins 11 policiers hier à Cizre, à la frontière de la Syrie, et a été revendiqué par les rebelles kurdes.
Cet attentat a eu lieu en matinée, au moment où la Turquie envoyait de nouveaux chars de l’autre côté de la frontière syrienne pour la troisième journée consécutive, poursuivant une offensive militaire sans précédent depuis le début de la guerre. «Nous donnerons la réponse qu’ils méritent à ces vils» assaillants, a lancé le premier ministre lors d’une conférence de presse. «Aucune organisation terroriste ne peut prendre la Turquie en otage».
«À 6h45 (3h45 GMT), un attentat-suicide au véhicule piégé a été mené par le groupe terroriste PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) contre le bâtiment de la police antiémeutes», a annoncé le gouvernorat de la province de Sirnak, où se situe Cizre, faisant état de 11 policiers tués et 78 personnes blessées, dont trois civils.
Un peu plus tard, le PKK a revendiqué l’attentat-suicide, précisant qu’il avait été mené en représailles à l’«isolement persistant» de son chef emprisonné Abdullah Öcalan et «le manque d’information» sur sa situation, alors qu’il n’est plus autorisé à recevoir aucune visite.
La violente explosion, qui a dévasté le quartier général des forces antiémeutes, s’est produite à 50 mètres du bâtiment, à un poste de contrôle.
ACCORD ANKARA-ÉI ?
Cet attentat intervient au troisième jour d’une offensive d’ampleur des forces turques en Syrie voisine visant, officiellement, à la fois les milices kurdes et les djihadistes de l’ÉI. Hier, la Turquie a envoyé quatre nouveaux chars dans la localité syrienne de Jarablos, libérée mercredi par les rebelles soutenus par Ankara, a constaté un photographe de l’AFP à la frontière turco-syrienne.
M. Yildirim a démenti les allégations selon lesquelles Ankara se concentrait sur les Kurdes, parlant de «mensonge éhonté» à propos d’un article de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel titré «Opération turque en Syrie: l’ÉI est un prétexte, les Kurdes sont la cible».
Murat Karayilan, l’un des chefs du PKK basé en Irak, estime en revanche que la campagne militaire actuelle est le fruit d’un «accord» entre Ankara et l’ÉI, et «ce qui se passe (sur le terrain) est plus un échange qu’une opération militaire».
«L’ÉI n’a jamais abandonné une localité en une journée sans combattre», a-til déclaré à l’agence pro-PKK Firat. «Cet accord dangereux va allonger la durée de vie de l’ÉI».
La Turquie a toujours démenti avec véhémence tout accord, passé ou présent, avec les djihadistes.