Les commissions scolaires nuisent
À la veille de la rentrée, sachez que des sommes prévues pour les enfants dans les écoles ne s’y rendront pas. Sachez que des initiatives pensées par des enseignants ou des directeurs d’école ne se réaliseront pas. Parce que l’argent et les décisions passent par la commission scolaire.
J’ai argumenté depuis 10 ans, de toutes les façons, sur l’abolition des commissions scolaires. J’ai examiné cette question sous toutes les coutures. Mais je dois avouer que l’Institut économique de Montréal vient de présenter une analyse vraiment percutante.
L’IEDM pose le problème en posant froidement les bonnes questions. Les commissions scolaires sont-elles nécessaires? Non. Les commissions scolaires sont-elles utiles? Non.
Mais l’institut de recherche va un peu plus loin: les commissions scolaires nuisent à la réussite scolaire. Une vision tranchée qui peut paraître brutale, mais qui correspond à la réalité telle que je la vois.
GÊNANT RECUL
Après une élection scolaire au taux de participation ridicule, l’ex-ministre Yves Bolduc avait mis en marche l’élimination des commissions scolaires comme nous les connaissons. Son successeur Sébastien Proulx (un ancien de l’ADQ favorable à l’abolition) a mis fin abruptement au processus peu après son arrivée.
La formule utilisée par l’actuel ministre de l’Éducation ne manquait pas d’habileté. Il dit préférer se concentrer sur la réussite scolaire plutôt que sur des débats de structure. Ainsi présentée, sa décision de mettre aux poubelles le plan d’élimination des élections scolaires est passée en douce.
Pourtant, il s’agit d’une déformation de la réalité. La réussite scolaire se vit directement au niveau de l’école. L’idée d’une école autonome, capable de gérer adéquatement ses ressources pour mettre en place les conditions de la réussite, est incompatible avec la gestion par commissions scolaires.
BUREAUCRATIE D’ABORD
Le système actuel est centré sur les commissions scolaires. Les budgets du ministère de l’Éducation sont alloués aux commissions scolaires. Les plans éducatifs sont préparés dans les commissions scolaires. Ensuite, les écoles reçoivent les directives et les allocations budgétaires. La réussite scolaire progresserait dans un système centré sur l’élève, donc sur son école, plutôt que centré sur la bureaucratie.
L’IEDM nous rappelle les bienfaits d’une école autonome du point de vue de la responsabilisation. Plus vous ajoutez des étages bureaucratiques, plus vous diluez la notion de responsabilité. Une école peut se porter responsable de la réussite de chaque enfant. Une commission scolaire se contentera de mettre en place des processus, en s’assurant que les lignes d’autorité soient assez floues pour que personne ne soit responsable de rien. L’ABC de la bureaucratie.
L’IEDM répond non à la question: «Les commissions scolaires sont-elles nécessaires?» L’analyse s’appuie sur l’exemple des écoles privées qui fonctionnent de façon autonome et qui ne font pas partie d’une commission scolaire. Et ça marche.
Cela m’a rappelé des assemblées citoyennes où je prônais l’abolition des commissions scolaires. Chaque fois, quelqu’un levait la main pour demander: «Par quoi va-t-on les remplacer, alors?» J’avais le goût de pleurer.
Tellement baignés dans le modèle bureaucratique, les Québécois peinent à imaginer faire autrement…