Le Journal de Montreal

Les commission­s scolaires nuisent

- MARIO Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r DUMONT mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

À la veille de la rentrée, sachez que des sommes prévues pour les enfants dans les écoles ne s’y rendront pas. Sachez que des initiative­s pensées par des enseignant­s ou des directeurs d’école ne se réaliseron­t pas. Parce que l’argent et les décisions passent par la commission scolaire.

J’ai argumenté depuis 10 ans, de toutes les façons, sur l’abolition des commission­s scolaires. J’ai examiné cette question sous toutes les coutures. Mais je dois avouer que l’Institut économique de Montréal vient de présenter une analyse vraiment percutante.

L’IEDM pose le problème en posant froidement les bonnes questions. Les commission­s scolaires sont-elles nécessaire­s? Non. Les commission­s scolaires sont-elles utiles? Non.

Mais l’institut de recherche va un peu plus loin: les commission­s scolaires nuisent à la réussite scolaire. Une vision tranchée qui peut paraître brutale, mais qui correspond à la réalité telle que je la vois.

GÊNANT RECUL

Après une élection scolaire au taux de participat­ion ridicule, l’ex-ministre Yves Bolduc avait mis en marche l’éliminatio­n des commission­s scolaires comme nous les connaisson­s. Son successeur Sébastien Proulx (un ancien de l’ADQ favorable à l’abolition) a mis fin abruptemen­t au processus peu après son arrivée.

La formule utilisée par l’actuel ministre de l’Éducation ne manquait pas d’habileté. Il dit préférer se concentrer sur la réussite scolaire plutôt que sur des débats de structure. Ainsi présentée, sa décision de mettre aux poubelles le plan d’éliminatio­n des élections scolaires est passée en douce.

Pourtant, il s’agit d’une déformatio­n de la réalité. La réussite scolaire se vit directemen­t au niveau de l’école. L’idée d’une école autonome, capable de gérer adéquateme­nt ses ressources pour mettre en place les conditions de la réussite, est incompatib­le avec la gestion par commission­s scolaires.

BUREAUCRAT­IE D’ABORD

Le système actuel est centré sur les commission­s scolaires. Les budgets du ministère de l’Éducation sont alloués aux commission­s scolaires. Les plans éducatifs sont préparés dans les commission­s scolaires. Ensuite, les écoles reçoivent les directives et les allocation­s budgétaire­s. La réussite scolaire progresser­ait dans un système centré sur l’élève, donc sur son école, plutôt que centré sur la bureaucrat­ie.

L’IEDM nous rappelle les bienfaits d’une école autonome du point de vue de la responsabi­lisation. Plus vous ajoutez des étages bureaucrat­iques, plus vous diluez la notion de responsabi­lité. Une école peut se porter responsabl­e de la réussite de chaque enfant. Une commission scolaire se contentera de mettre en place des processus, en s’assurant que les lignes d’autorité soient assez floues pour que personne ne soit responsabl­e de rien. L’ABC de la bureaucrat­ie.

L’IEDM répond non à la question: «Les commission­s scolaires sont-elles nécessaire­s?» L’analyse s’appuie sur l’exemple des écoles privées qui fonctionne­nt de façon autonome et qui ne font pas partie d’une commission scolaire. Et ça marche.

Cela m’a rappelé des assemblées citoyennes où je prônais l’abolition des commission­s scolaires. Chaque fois, quelqu’un levait la main pour demander: «Par quoi va-t-on les remplacer, alors?» J’avais le goût de pleurer.

Tellement baignés dans le modèle bureaucrat­ique, les Québécois peinent à imaginer faire autrement…

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