Le Journal de Montreal

La philosophi­e de Maciocia a rapporté

Chez les Carabins, l’étudiant passe avant l’athlète

- JONATHAN GUAY

«Rome ne s’est pas faite en un jour». Cet adage explique parfaiteme­nt les succès des Carabins de l’Université de Montréal, qui ont effectué un travail herculéen en coulisses au cours des dernières années.

Danny Maciocia amorce sa sixième campagne à la barre des Carabins. Et l’entraîneur-chef se dit fier de l’évolution de l’équipe au fil des saisons.

Les Bleus n’ont plus aucun complexe. Ils sont sortis de l’ombre du Rouge et Or de l’Université Laval qu’ils affrontero­nt en lever de rideau le 3 septembre à Québec.

Non seulement ont-ils remporté la première coupe Vanier de leur histoire en 2014, mais ils s’imposent aujourd’hui comme l’une des puissances sur le circuit universita­ire canadien.

«Je me donnais de sept à huit ans avant d’espérer remporter la coupe Vanier, souligne Maciocia. Mais on a été capable d’implanter notre culture et la réception fut incroyable. Les joueurs ont adhéré sans hésiter.»

DU TRAVAIL À FAIRE

À son arrivée à l’Université de Montréal au terme de la saison 2010, Maciocia a vite constaté que l’aventure ne serait pas de tout repos.

«Après mes deux premières semaines, j’étais prêt à démissionn­er, avoue l’homme de 49 ans issu des rangs profession­nels. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais.

«Plusieurs personnes m’avaient dit que j’allais perdre mon temps ici, que je n’allais jamais gagner. C’est ce défi-là qui m’a fait embarquer à pieds joints. Je me suis entouré de gens pour qui le mot impossible n’existait pas.»

Mais avant de bâtir quoi que ce soit, il fallait revoir les fondations.

«C’est comme quand tu achètes une nouvelle maison, compare-t-il. Elle est belle de l’extérieur, mais il y a beaucoup de travail à faire à l’intérieur. C’est exactement ce qui s’est passé ici.»

NOUVELLE MENTALITÉ

Maciocia était prêt à gagner, mais pas à n’importe quel prix.

«Un mois après mon arrivée, j’ai reçu un appel du responsabl­e académique pour m’informer que 22 joueurs risquaient de ne pas être éligibles pour jouer l’année suivante en raison de leur dossier scolaire. C’est là que j’ai su qu’on avait besoin de changer la mentalité et d’implanter notre nouvelle culture.»

Pour établir cette culture, le chef d’orchestre a déterminé deux leitmotive: la famille et l’éducation.

Il était impératif que l’étudiant passe avant l’athlète, et non l’inverse.

«On voulait gagner sur le terrain, mais également à l’extérieur, dit-il. C’est la structure qu’il nous fallait.»

«J’ai 85 joueurs sous la main en ce moment. Je veux m’assurer que les 85 terminent leur parcours universita­ire avec un baccalauré­at, mentionne Maciocia. On veut former des hommes complets qui vont avoir un impact dans la société.»

LA BONNE RECETTE

Ce changement de cap a finalement porté ses fruits le jour du 29 novembre 2014, quand Maciocia a soulevé la coupe Vanier à bout de bras en compagnie des joueurs de sa première édition. La recette était la bonne.

«La coupe Vanier est de loin ma plus grande satisfacti­on et mon plus beau championna­t, reconnaît celui qui a déjà remporté deux coupes Grey avec les Eskimos d’Edmonton, dans la Ligue canadienne. On était partis de zéro avec des ressources très limitées. C’était d’ailleurs la meilleure année académique dans l’histoire de notre programme.

«On a bâti ce championna­t avec des valeurs. Il y a différente­s façons d’obtenir ce résultat. Le chemin qu’on a emprunté n’est pas le plus facile, mais c’est le plus satisfaisa­nt.»

Maciocia, qui se considère comme un «deuxième père de famille» pour ses joueurs, peut effectivem­ent dire: mission accomplie.

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