Il préfère les hôpitaux de Kandahar
Selon un urgentologue, la paperasse empêche le système de santé du Québec d’être efficace
SEPT-ÎLES | Les conditions de pratique de la médecine en plein coeur de la guerre en Afghanistan sont meilleures que celles de certaines urgences du Québec, selon un médecin à la retraite.
Le Dr Marc Dauphin, urgentologue retraité et ancien militaire, a préféré, et de loin, ses conditions de travail à l’hôpital militaire de Kandahar à celles que l’on trouve dans certaines urgences du Québec, où il a travaillé au cours de sa carrière.
Selon lui, il y a beaucoup trop de paperasserie au Québec, dans le système de santé, ce qui nuit à l’efficacité.
Il donnera d’ailleurs la conférence de fermeture pour en parler au congrès de médecine d’urgence en région, à Tadoussac, le 10 septembre.
Même s’il faisait 51ºC à l’ombre, la poussière se faisait envahissante, l’hôpital était en plywood et les joints des murs tenaient avec du ruban adhésif. Le médecin n’a rien contre les bâtiments qui abritent les hôpitaux québécois, mais contre la lourdeur du système qui les gère.
«Cette régulation est menée par des fonctionnaires qui écrasent le système médical: il y a deux fonctionnaires pour un médecin, ça, c’est l’enfer. Malgré la lourdeur de la bureaucratie militaire, elle est infiniment plus légère que la bureaucratie civile, où chacun tire la petite couverte de son bord. Ça, j’étais écoeuré», a dit le Dr Dauphin.
Le Dr Dauphin reconnaît que les conditions de cet hôpital de l’OTAN sous responsabilité canadienne à Kandahar seraient trop onéreuses pour être mises en place au Québec, mais on peut faire mieux, selon le médecin.
SPÉCIALISTES À PORTÉE DE MAIN
Dans les Forces armées, les spécialistes sont rapidement accessibles. «On me dit qu’ici ça s’améliore avec certaines mesures, mais c’est loin d’être ce que c’était dans les Forces armées, où si tu as besoin d’un CT Scan, tu vas l’avoir demain», a-t-il dit.
Les spécialistes ont aussi moins de tâches à accomplir. «Au Québec, l’orthopédiste a 36 000 affaires à faire. Il s’occupe de ses résidents, doit préparer son cours du lendemain, en plus de sa vie privée. À Kandahar, ils ont juste ça à faire, sept jours par semaine», a dit le Dr Dauphin.
Le médecin de 63 ans se souvient aussi que le transfert de patients dans des hôpitaux surspécialisés était toute une épreuve à l’époque de sa pratique. «En périphérie de Montréal, s’ils ont un cas très grave en situation d’urgence, ils sont obligés de faire 52appels téléphoniques pour supplier quelqu’un de le prendre», a-t-il dit.
En zone de guerre, le transport des patients s’organise en une seule étape. «À Kandahar, dès qu’un trauma se produit, un hélicoptère fonce chercher le patient. Même si des gens tirent sur l’hélicoptère, les pilotes vont risquer leur vie et il sera rendu à l’hôpital en moins de 30 minutes», a conclu Dr Dauphin.