Vie privée, vie publique en 1905
Jean-Pierre Charland — Sur les berges du Richelieu, tome 1 — La tentation d’Aldée
L’historien et romancier Jean-Pierre Charland, un des auteurs de romans historiques les plus remarqués du Québec, s’est intéressé à la vie privée et à la vie publique des bourgeois et des domestiques du début des années 1900 pour créer une nouvelle série fort intéressante, Sur les berges du Richelieu.
«Ça fait très longtemps que j’avais envie de faire une série de romans qui se passerait dans une petite ville», explique-t-il en entrevue. Au lieu de situer l’action du roman dans une ville réelle, comme il a l’habitude de le faire, Jean Pierre Charland a donc créé Douceville.
«La ville, en réalité, c’est Saint-Jean. J’avais besoin d’un collège de filles, d’un collège de gars, d’un hôpital et je ne voulais pas avoir à me justifier si tel collège n’est pas sur telle rue. Je parle aussi d’une usine de moulins à coudre: j’ai changé de nom, mais c’est la Singer. De l’autre côté de la rivière, c’est Iberville.»
La ville compte une petite population qui est cependant très diversifiée. «Il y a des Juifs, il y a des Chinois, il y a des Canadiens français, des Canadiens anglais. Les quartiers sont tout proches, alors tout se fait à pied. À Saint-Jean, deux rues sont élégantes. Le reste, c’est une petite ville industrielle du Québec.»
Jean-Pierre Charland a sorti tous les noms et les prénoms des recensements de 1901 et de 1911, des originaux des recensements, pour nommer ses personnages. «Ça permet de savoir ce que les gens font. Le recenseur passait de maison en maison, prenait le nom du père et de la mère, le prénom et l’âge de tous les enfants et notait la scolarité et l’occupation. En faisant les deux années, ça dit où est la famille, 10 ans plus tard. Tous les prénoms viennent du recensement, et je n’ai même pas choisi les plus originaux!»
THÈMES
Les thèmes qu’il aborde dans le roman dépeignent le Québec de cette époque: la bourgeoisie, la domesticité, le clivage social, la vie des femmes et la pudibonderie du clergé.
Le romancier a été fasciné par la dynamique de la société dans une petite ville québécoise du début du XXe siècle, avec les services en place et un seul employeur. «Chacun connaît chacun, alors qu’à Montréal, l’expérience des gens, c’est par quartier. Dans le tome 1, je fais la comparaison entre domestiques et patrons; mais dans le tome 2, et surtout dans le tome 3, je vais faire la comparaison entre les ouvriers qui travaillent dans l’usine de moulins à coudre et la bourgeoisie. Il sera beaucoup question de curés dans le tome 2 et dans le tome 3.»
LA VIE DE SA MÈRE
Le personnage d’Aldée, une domestique qui devait être institutrice, lui permet de présenter beaucoup de détails sur la vie des femmes de l’époque. «Ce n’est pas une biographie que j’ai écrite, mais cette histoire est celle de ma mère. Elle rêvait d’être maîtresse d’école et venait du Nouveau-Brunswick. Quand elle a eu 16 ans, son père ne voulait pas qu’elle travaille pour des Anglais et des protestants. Il a préféré l’envoyer à Trois-Rivières, dans un milieu où les patrons étaient très bienveillants. Elle a travaillé chez le beau-frère de Maurice Duplessis. Il y a beaucoup de détails qui ressemblent à ce que j’entendais de ma mère quand j’étais plus jeune.»
PROCHAINE SÉRIE
Romancier extrêmement productif, Jean-Pierre Charland a déjà terminé le troisième tome de cette série et s’est lancé dans sa prochaine série, qui sera «très différente en ce qui concerne le sujet», assure-t-il, car il travaillera sur une histoire qui sort du Québec.
» Jean-Pierre Charland est titulaire d’un doctorat en histoire et d’un autre en didactique. Il est aujourd’hui un professeur d’université à la retraite.
» Il invite les lecteurs à le suivre sur sa page Facebook: Jean-Pierre Charland auteur.
» Il y présente souvent des images lui ayant inspiré des personnages du roman.