Le Journal de Montreal

Ruth Jebet n’a pas de barrière

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PARIS | (AFP) Veaux, vaches, or olympique, retour au pays, record du monde et réception royale: la prodige bahreïnie Ruth Jebet, qui a réalisé la nouvelle marque planétaire du 3000 m steeple (8:52.78) hier à Paris, se joue de toutes les barrières.

La demi-fondeuse d’origine kényane a été exceptionn­elle sur la piste après avoir été pilotée par un lièvre jusqu’au 1er kilomètre (2:56.36).

Constammen­t en avance sur les passages de l’ancien record de la Russe Gulnara Galkina (8:58.81), établi en finale des Jeux de Pékin en 2008, la frêle Jebet est entrée dans l’histoire en établissan­t le premier record du monde au Stade de France.

Et la Bahreïnie risque de rester l’unique puisque la Ligue de diamant posera son chapiteau l’année prochaine, le 1er juillet, à Charléty.

EMBARRASSÉ­E

Quand elle quitte l’anneau, Jebet, 19ans, est beaucoup moins assurée, comme si elle craignait d’inévitable­s questions.

C’est que, comme tant d’autres qui ont changé de passeport ces dernières années, pour le Bahreïn notamment, sa situation n’est pas facile.

«On veut rendre les règles des transferts d’allégeance plus contraigna­ntes», a indiqué Sebastian Coe, président de la Fédération internatio­nale d’athlétisme (IAAF), croisé dans les entrailles du stade de France.

Le sujet est suffisamme­nt important pour que l’IAAF ait désigné un membre de son Conseil pour se pencher sur le problème.

«On va les (athlètes) chercher au Kenya surtout, mais aussi en Éthiopie, au Maroc, en Jamaïque un tout petit peu, au Nigeria de plus en plus pour les sprinters. Des pays pauvres, en difficulté. C’est plus facile de convaincre un athlète de ces pays en lui donnant beaucoup d’argent, car ça représente beaucoup par rapport à ce qu’ils peuvent gagner au quotidien», avait rappelé la veille du meeting Bernard Amsalem, membre du Conseil de l’IAAF et président de la Fédération française (FFA).

Jebet, elle, dit qu’elle a quitté son pays il y a cinq ans pour des études de santé animale.

Mais son père avait vendu la mèche il y a quelques jours quand sa fille avait été honorée au pays de sa naissance pour son or de Rio.

«Je la remercie infiniment: elle a pu m’acheter une maison et du bétail», avait-il alors avoué.

«C’était dur ce soir et je n’avais pas en tête le record du monde. Bien sûr, j’avais dit que j’allais essayer de battre le record à Zurich (jeudi prochain) parce que je pensais que j’avais plus de jours de récupérati­on à dispositio­n. Maintenant, je crois que je vais mettre un terme à ma saison», a dit Ruth Jebet samedi.

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