Sa fille de 11 ans s’est fait piéger par un pédo en ligne
Un père dénonce que l’Indemnisation des victimes d’actes criminels ne l’aide pas
Victime de leurre sur internet par un pédophile, une jeune fille de 11 ans ne peut pas recevoir d’aide de la province, car elle n’a pas été agressée sexuellement, dénonce son père.
«J’ai attendu pendant cinq mois après l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) pour me faire dire que ma fille n’est pas admissible, car elle n’a pas été agressée sexuellement», rage le père des Laurentides, dont nous taisons le nom pour protéger l’identité de sa fille.
Pourtant, dit-il, un inconnu, de l’autre côté d’un écran a fait des demandes très explicites à sa jeune fille, allant jusqu’à lui réclamer avec insistance de se filmer en commentant divers gestes sexuels.
Si le père ignore tous les gestes que sa fille a pu être incitée à commettre devant ces inconnus, c’est parce que celle-ci «se ferme comme une huître» et refuse d’aborder le sujet depuis que ses parents ont découvert ce qu’il se passait.
De son propre aveu, le père est lui-même complètement pris au dépourvu devant la situation et il ignore comment en parler avec sa fille. «Je me suis rendu malade, à lire les messages qu’elle a reçus», laisse-til tomber.
Souriante et enthousiaste alors qu’elle parlait de son retour prochain à l’école, le visage de la jeune fille s’est assombri lorsque son père lui a demandé de parler de ce qu’il appelle «l’histoire de la tablette» au représentant du Journal. «Je ne veux pas en parler», s’est borné à répéter la fillette.
JEU MINECRAFT
C’est à la fin mars que sa mère l’a surprise dévêtue devant l’écran de son iPad en conversation sur Skype avec une personne rencontrée sur un site web où des joueurs du jeu Minecraft s’échangent des conseils.
En fouillant dans la tablette, le père a réalisé que sa fille avait eu des dizaines de conversations sexuellement explicites.
Il a aussitôt appelé la police. Mais les policiers ont déterminé que c’était une personne d’outre-mer qui discutait avec elle et qu’ils avaient ainsi les mains liées.
Suivant les conseils de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), il a aussi fait une demande auprès de l’IVAC pour obtenir de l’argent afin que sa fille rencontre un psychologue.
SITUATION FRUSTRANTE
Mais cinq mois se sont écoulés entre l’envoi de sa demande et la réponse qu’il a finalement obtenue la semaine dernière.
L’IVAC lui a répondu que le leurre sur internet n’entre pas dans les critères et que sa fille ne peut donc pas obtenir d’aide, car elle n’a pas été agressée sexuellement.
«Attendre aussi longtemps pour cette réponse de moron, c’est frustrant. Je le vois bien que ma fille est traumatisée et j’ai perdu beaucoup de temps», déplore-t-il.
Le père ne voit aucun autre choix que de payer lui-même pour que sa fille consulte un psychologue, mais il n’a aucune idée où il trouvera l’argent nécessaire.
«Le leurre d’enfants, c’est tout aussi grave et surtout le mal à venir. Ma fille n’est ni la première ni la dernière. Il faudrait que l’IVAC se modernise», estime-t-il.