Le Journal de Montreal

Sa fille de 11 ans s’est fait piéger par un pédo en ligne

Un père dénonce que l’Indemnisat­ion des victimes d’actes criminels ne l’aide pas

- Hugo Duchaine HDuchaineJ­DM hugo.duchaine@quebecorme­dia.com

Victime de leurre sur internet par un pédophile, une jeune fille de 11 ans ne peut pas recevoir d’aide de la province, car elle n’a pas été agressée sexuelleme­nt, dénonce son père.

«J’ai attendu pendant cinq mois après l’Indemnisat­ion des victimes d’actes criminels (IVAC) pour me faire dire que ma fille n’est pas admissible, car elle n’a pas été agressée sexuelleme­nt», rage le père des Laurentide­s, dont nous taisons le nom pour protéger l’identité de sa fille.

Pourtant, dit-il, un inconnu, de l’autre côté d’un écran a fait des demandes très explicites à sa jeune fille, allant jusqu’à lui réclamer avec insistance de se filmer en commentant divers gestes sexuels.

Si le père ignore tous les gestes que sa fille a pu être incitée à commettre devant ces inconnus, c’est parce que celle-ci «se ferme comme une huître» et refuse d’aborder le sujet depuis que ses parents ont découvert ce qu’il se passait.

De son propre aveu, le père est lui-même complèteme­nt pris au dépourvu devant la situation et il ignore comment en parler avec sa fille. «Je me suis rendu malade, à lire les messages qu’elle a reçus», laisse-til tomber.

Souriante et enthousias­te alors qu’elle parlait de son retour prochain à l’école, le visage de la jeune fille s’est assombri lorsque son père lui a demandé de parler de ce qu’il appelle «l’histoire de la tablette» au représenta­nt du Journal. «Je ne veux pas en parler», s’est borné à répéter la fillette.

JEU MINECRAFT

C’est à la fin mars que sa mère l’a surprise dévêtue devant l’écran de son iPad en conversati­on sur Skype avec une personne rencontrée sur un site web où des joueurs du jeu Minecraft s’échangent des conseils.

En fouillant dans la tablette, le père a réalisé que sa fille avait eu des dizaines de conversati­ons sexuelleme­nt explicites.

Il a aussitôt appelé la police. Mais les policiers ont déterminé que c’était une personne d’outre-mer qui discutait avec elle et qu’ils avaient ainsi les mains liées.

Suivant les conseils de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), il a aussi fait une demande auprès de l’IVAC pour obtenir de l’argent afin que sa fille rencontre un psychologu­e.

SITUATION FRUSTRANTE

Mais cinq mois se sont écoulés entre l’envoi de sa demande et la réponse qu’il a finalement obtenue la semaine dernière.

L’IVAC lui a répondu que le leurre sur internet n’entre pas dans les critères et que sa fille ne peut donc pas obtenir d’aide, car elle n’a pas été agressée sexuelleme­nt.

«Attendre aussi longtemps pour cette réponse de moron, c’est frustrant. Je le vois bien que ma fille est traumatisé­e et j’ai perdu beaucoup de temps», déplore-t-il.

Le père ne voit aucun autre choix que de payer lui-même pour que sa fille consulte un psychologu­e, mais il n’a aucune idée où il trouvera l’argent nécessaire.

«Le leurre d’enfants, c’est tout aussi grave et surtout le mal à venir. Ma fille n’est ni la première ni la dernière. Il faudrait que l’IVAC se modernise», estime-t-il.

 ??  ?? Un père des Laurentide­s s’est rendu malade à lire les conversati­ons sexuelleme­nt explicites qu’un inconnu a échangées avec sa fille de 11 ans sur Skype. Il n’arrive pas à croire que l’Indemnisat­ion des victimes d’actes criminels ne considère pas le...
Un père des Laurentide­s s’est rendu malade à lire les conversati­ons sexuelleme­nt explicites qu’un inconnu a échangées avec sa fille de 11 ans sur Skype. Il n’arrive pas à croire que l’Indemnisat­ion des victimes d’actes criminels ne considère pas le...
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada