Le Journal de Montreal

Ouverts à goûter aux insectes, mais pas trop souvent

- MARIE-ÈVE DUMONT

Les Québécois sont prêts à manger des animaux nourris aux insectes, mais pas à retrouver des punaises d’eau géantes ou des larves de mouche directemen­t dans leur assiette, révèle un sondage.

«Une majorité de gens ont déjà mangé des insectes, mais ce n’est le plus souvent qu’une anecdote. Ils sont ouverts à goûter, mais pas trop souvent», résume Louise Hénault-Éthier, docteure en sciences de l’environnem­ent qui effectue des recherches sur l’utilisatio­n des insectes pour traiter les déchets.

SOLUTION

Selon l’Organisati­on des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e (FAO), il faudra augmenter de 70 % notre production de nourriture afin de pouvoir nourrir toute la planète en 2050.

Les insectes, riches en protéines, en bon gras, en vitamines et en minéraux, font partie de la solution, selon bien des experts.

Mais les résultats préliminai­res du sondage, mené auprès de 500 personnes en partenaria­t avec Recyc-Québec, montrent que les Québécois ne sont pas encore prêts à intégrer les insectes dans leur alimentati­on courante.

La majorité des gens ont déjà essayé ou accepterai­ent d’essayer de manger des insectes, mais leur intérêt ne va pas encore plus loin. Ils considèren­t par ailleurs que les insectes pourraient être une bonne source de protéines pour remplacer la viande.

APPARENCE DÉRANGEANT­E

C’est leur apparence qui rebute le plus souvent les répondants. Les larves de mouche n’ont pas du tout la cote, et les autres larves, comme les chenilles et ténébrions, sont aussi peu populaires. Mais les sauterelle­s ou les grillons font moins peur.

«Quand on demande aux gens s’ils mangeraien­t des insectes frais ou bouillis, les réponses sont moins favorables que si on parle de les réduire en poudre pour les incorporer dans des recettes. Lorsqu’ils ne sont pas visibles, les gens deviennent tout d’un coup ouverts à tous les insectes», précise la chercheuse.

Ces résultats ne sont pas différents de ceux d’autres études menées auprès des gens vivant dans des pays occidentau­x.

Les Australien­s et les Néerlandai­s, s’ils devaient manger des insectes, préférerai­ent eux aussi qu’ils soient mélangés dans un plat ou réduits en poudre, selon une étude menée l’an dernier.

Par ailleurs, les gens ont une plus grande ouverture envers la viande d’animal nourri avec des insectes.

Une très forte majorité des répondants ont indiqué être prêts à manger du poisson nourri aux insectes. Le poulet vient ensuite, puis le porc et finalement le boeuf.

«Les gens sont peut-être plus conscients que les poissons mangent naturellem­ent des insectes dans leur milieu de vie, c’est pourquoi ils sont plus ouverts. Le boeuf est peutêtre plus vu comme étant un animal végétarien mangeant de l’herbe. Ils oublient qu’il a lui aussi besoin de protéines», suppose la chercheuse.

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