La prescription de la facilité déplorée
Plusieurs organismes dénoncent la prescription d’antidépresseurs aux aînés par facilité, plutôt que de trouver la vraie source du problème.
«Ce n’est pas une pilule qui va régler magiquement les problèmes d’insomnie et d’angoisse», souligne la Dre Yun Jen, présidente de l’Association médicale du Québec (AMQ) et spécialiste de la santé publique.
CAUSES DE FOND
«Il ne faut pas juste voir l’aspect médical. C’est un problème de société, il faut se questionner sur les causes de fond», ajoute-t-elle.
Isolement, faillites, deuils, non-accès aux services sociaux: plusieurs facteurs contribuent à faire grimper l’angoisse et la déprime de certaines personnes âgées.
«Elles ont peut-être plus de raisons d’être déprimées, ça fait partie d’un ensemble», croit aussi Pierre Blain, du regroupement provincial des comités d’usagers.
«Plusieurs problèmes pourraient être traités en psychothérapie, mais il n’y a pas assez de services pour eux», déplore-t-il, ajoutant que les idées suicidaires sont fréquentes chez les aînés.
Voilà maintenant plusieurs années que l’AMQ déplore le surdiagnostic. Sans blâmer uniquement les médecins, la Dre Jen croit que ce problème de société doit faire l’objet d’un sérieux examen de conscience.
PRENDRE LE TEMPS
«Ça prend un bon examen médical, mais il ne faut pas être trop vite sur le bloc d’ordonnances et penser à une solution rapide. Ça ne règle rien à long terme», dit-elle.
«Les médecins travaillent dans un système qui exige un haut débit de service, mais les patients mettent aussi de la pression pour avoir une pilule. C’est une culture à corriger.»
Elle ajoute que la «polypharmacie» (prise de plusieurs médicaments) des personnes âgées entraîne des risques qui doivent être davantage pris en considération.