Il se tue en pilotant une « Ferrari volante »
Le sexagénaire qui est mort dans l’écrasement de son planeur samedi à Bromont qualifiait de «Ferrari volante» l’appareil qu’il pilotait depuis moins d’un mois.
«Une nouvelle étape dans ma vie de pilote. J’ai fait mon premier vol sur un planeur de très haute performance, l’ASG 29. Une merveille», avait alors écrit avec enthousiasme Jacques Fontaine sur sa page Facebook le 28 août dernier.
Samedi, il s’est écrasé avec le même planeur à un kilomètre de l’aéroport Roland-Désourdy, vers 16 h 30, alors qu’il se préparait à atterrir. Il planait au-dessus des Cantons-de-l’Est depuis un peu plus de quatre heures.
«L’impact a été très violent», souligne d’emblée l’enquêteur Pierre Gavillet, du Bureau de la sécurité des transports (BST), dépêché sur place.
S’il ne veut pas spéculer sur la cause de l’écrasement, aucune piste n’est écartée pour l’instant.
MEILLEUR AU MONDE
L’appareil sera passé au peigne fin, tout comme les données de vol.
M. Gavillet explique que le planeur ASG 29 que pilotait Jacques Fontaine est l’un des meilleurs au monde.
«Ils sont utilisés aussi pour faire des compétitions. Ce sont des machines connues et fiables», dit l’enquêteur.
De fabrication allemande, l’ASG 29 se vend à partir de 130 000 $, selon le site web du constructeur Alexander Schleicher. Il n’a pas de moteur et ses ailes mesurent 18 mètres de long.
«Quand l’une d’elles s’accroche au sol, comme ce fut le cas, l’appareil pivote sur luimême et s’écrase», précise Pierre Gavillet.
PILOTE PRUDENT
Jacques Fontaine était pilote depuis au moins 35 ans, selon son frère Yves Fontaine. Il avait eu la piqûre en faisant du deltaplane et avait ensuite possédé son propre avion.
«Il était toujours excessivement prudent, il ne prenait jamais de chances», soutient son frère, qui ne s’explique pas cet accident mortel.
Il se demande maintenant si son frère a pu avoir un malaise, s’il y a eu un coup de vent ou si l’appareil était défectueux.
Le planeur n’appartenait pas à Jacques Fontaine, mais au club privé d’aviation dont il était membre à Bromont. Hier, il n’a pas été possible de parler à l’Aéroclub des Cantons-de-l’Est.
Le pilote laisse dans le deuil une conjointe et deux enfants d’âge adulte, à qui il avait transmis sa passion de l’aviation, dit son frère aîné.
«Il flottait toujours sur un nuage pour quelques jours après une sortie en vol. Il me disait toujours: “Il faudrait que t’embarques”», se souvient Yves Fontaine, âgé de 66 ans.
Ce dernier n’aimait cependant pas l’idée de se retrouver à des centaines de mètres d’altitude.
«C’est sa passion qui l’a emporté, c’est comme ça qu’on se console, au moins», raconte Yves Fontaine.