Le Journal de Montreal

La réplique des médecins

- ISABELLE MARÉCHAL

De nombreux médecins ont réagi avec colère et indignatio­n à ma dernière chronique qui mettait en lumière les abus de certains de leurs collègues. C’est fascinant de constater que ce sont tout de suite les bons médecins qui se sentent visés quand on critique la profession médicale et non ceux qui devraient l’être, soit les abuseurs du système qui l’utilisent à leur avantage. Ceux-là ne se sentent jamais fautifs. Ils continuent sans gêne leurs magouilles et lèvent les yeux au ciel quand on pointe du doigt leurs mauvaises pratiques, se cachant derrière la légalité parfois douteuse de certaines règles.

PAS TOUS DES ABUSEURS

C’est clair que tous les médecins du Québec n’ont pas les deux mains dans le plat de bonbons. Ce serait bien le comble. Il n’est pas question ici de faire du «bashing» sur une profession que nous ne demandons pas mieux que d’honorer. Qui ne rêve pas d’être ami avec son médecin? Qui ne souhaite pas un lien privilégié et une relation franche, empathique, bienveilla­nte avec celui qui gère notre santé?

Mais je réitère qu’un nombre assez important d’entre eux ne se gênent pas pour pratiquer une médecine plus axée sur leur propre enrichisse­ment que sur le bien-être du patient. Un chirurgien qui n’opère que la nuit pour toucher des primes plus généreuses, c’est de l’abus même si tout le monde estime que c’est légal.

Les directions d’hôpitaux ferment les yeux et comme d’habitude. Personne n’est imputable. Ça suffit, l’incompéten­ce! On ne gère pas de l’argent de Monopoly, mais des fonds publics. On préfère un chirurgien qui abuse plutôt que pas de chirugien du tout? Je ne peux pas croire qu’on en soit rendu là.

LA MÉDECINE EST EN CRISE

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Réseau Médecins-Patients pour la santé, un groupe de médecins, fatigués de cette pression qui pèse sur eux, et qui veut que ça change. Ils dénoncent l’inefficaci­té et la rigidité du système. «Les docteurs seuls et les patients seuls ne peuvent rien faire», estime le Dr Gilbert Blaise, anesthésio­logiste au CHUM qui organise un colloque samedi prochain.

Pour la première fois, des patients et des médecins vont réfléchir ensemble dans un objectif commun d’améliorer les soins. On se croise les doigts pour que ce soit plus que des voeux pieux.

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