Trois contrats de remorquage annulés pour collusion
Un remorqueur dont les contrats à Montréal ont été annulés par le Bureau de l’inspecteur général (BIG) ne comprend pas pourquoi ses gestes sont considérés comme illégaux.
Jean-Marc Lelièvre, le président de Remorquage Taz, était bouche bée lorsque le journal 24 Heures lui a appris que le BIG a résilié trois de ses contrats de remorquage pendant les opérations déneigement.
«Je ne comprends vraiment pas leur décision. S’il y avait eu de la collusion, on serait arrivés avec des prix exorbitants. On a des tarifs à l’heure très raisonnables, il n’y a pas eu de collusion», estime-t-il, l’air dépité.
En plus de résilier les contrats accordés à Remorquage Taz, le BIG recommande que M. Lelièvre, Réal Tourigny, d’Auto Cam 2000, ainsi que Steve Lenfesty, de Remorquage Mobile, soient écartés de tout appel d’offres pendant cinq ans.
Ces deux derniers entrepreneurs n’ont pas perdu leurs contrats puisque ceux-ci sont déjà terminés.
Or, puisque très peu d’entreprises rencontrent les exigences de la Ville pour les services de remorquage pendant les opérations de déneigement, M.Lelièvre relève que Montréal risque de se trouver dans le pétrin parce «qu’il n’y aura plus personne pour soumissionner.»
Le remorqueur, qui travaille dans le milieu depuis 2004, estime que ces sanctions vont l’anéantir.
«S’ils m’empêchent de soumissionner, ils vont me couper les deux jambes», déplore M. Lelièvre.
LIENS ÉTROITS
À plusieurs reprises, le rapport du BIG, déposé au Conseil municipal hier après-midi, fait état des liens entre les remorqueurs.
M. Lelièvre est d’ailleurs décrit comme «quelqu’un qui approche ses compétiteurs afin de connaître le prix de leurs soumissions et leurs intentions vis-à-vis de contrats en appels d’offres.»
À ce sujet, M. Lelièvre se défend en indiquant que lui et ses compétiteurs sont «dans le domaine du remorquage. On investit des sous. On calcule que notre investissement vaut un prix minimum à l’heure. Par exemple, il y a des places dans l’ouest [de l’île] ou dans le sud-ouest où je ne voulais pas aller.»
CULTURE DE COLLUSION
«On a encore beaucoup de progrès à faire pour renverser la culture de la collusion et de la corruption à Montréal», déplore Alex Norris, porte-parole de Projet Montréal en matière d’éthique.
Selon lui, lorsque des fournisseurs avouent clairement leurs pratiques collusoires sans se rendre compte que ce qu’ils font est illégal, «ça montre à quel point cette culture est enracinée dans trop de secteurs.
Le BIG écrit d’ailleurs «qu’il est manifeste que les entrepreneurs ne saisissent toujours pas ce qui constitue de la collusion. [...] Ils ne semblent pas comprendre que les gestes qu’ils ont avoué avoir commis et qu’ils décrivent avec détails correspondent à la définition même de ce qu’est la collusion.»