Un beau risque pour Trudeau
Si Bombardier va mal en Bourse, ce n’est quand même pas la faute du gouvernement de Justin Trudeau qui tarde à investir son milliard de dollars dans le programme du C Series. Mais il serait temps qu'il passe de la parole à l'acte.
Depuis le début de septembre, Bombardier a perdu 26 % de sa valeur en Bourse. Sa capitalisation boursière a ainsi fondu de 1,4 milliard de dollars en moins de quatre semaines.
L’action se négocie présentement autour de 1,60 $, comparativement à 2,15 $ au début du mois. Et les perspectives boursières de Bombardier s’annoncent plutôt moches à la suite des tuiles qui lui sont tombées dessus ces dernières semaines.
Je vous rappelle que le programme du C Series est actuellement obligé de ralentir sa cadence de livraison des avions à cause d'un retard de production des moteurs Pratt & Whitney qui équipent les appareils.
S’ajoute à cette mauvaise nouvelle la baisse de la cote de crédit de Bombardier. La firme de notation de crédit Standard and Poor's a abaissé la cote de Bombardier, et ce en raison de la faiblesse du marché pour ses modèles d'avions d'affaires (Learjet, Global, Challenger) et commerciaux (C Series, Q Series, CRJ Series).
LE MILLIARD FÉDÉRAL
Il est évident qu’une injection additionnelle de capital de 1 milliard US de la part cette fois du gouvernement Trudeau dans le programme C Series rassurerait les actionnaires de Bombardier.
Mais, entre nous, le marché boursier escompte déjà cette «future» bonne nouvelle.
Je ne vois pas en vertu de quel argument financier politiquement logique le gouvernement Trudeau refuserait «d’embarquer» dans le financement du plus prestigieux avion canadien de l’histoire.
Le secteur aéronautique du Québec est aussi important pour le Canada que le secteur de l’automobile de l’Ontario.
Comme le gouvernement fédéral a investi massivement dans le sauvetage de l’industrie automobile ontarienne à la suite de la crise financière de 2008-2009, il serait équitable qu’il participe à la survie du C Series, le projet aéronautique de l’heure au Canada.
Il serait donc temps que le gouvernement Trudeau, à l’instar du gouvernement Couillard, allonge son milliard américain. On est quand même rendu à l’étape de la livraison des C Series. Convenons que c’est un beau risque à courir pour le fédéral.
LES COMMANDES
Le carnet du C Series renferme présentement 370 commandes, dont 123 C Series 100 et 247 C Series 300.
Jusqu’à présent, un seul avion a été livré.
La capitalisation boursière de Bombardier s’élève actuellement à 3,6 milliards de dollars. Cela dépasse à peine les 3 milliards de dollars qui ont été investis depuis un an dans Bombardier par le gouvernement Couillard et la Caisse de dépôt et placement .
Québec a injecté 1 milliard US (1,3 milliard canadien) dans le C Series et la Caisse 1,5 milliard US (2 milliards canadiens) dans Bombardier Transport. En échange de ces investissements massifs, Québec détient 49,5 % de la Société en commandite du C Series et la Caisse 30 % de Bombardier Transport.