Le Journal de Montreal

Un beau risque pour Trudeau

- Michel girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Si Bombardier va mal en Bourse, ce n’est quand même pas la faute du gouverneme­nt de Justin Trudeau qui tarde à investir son milliard de dollars dans le programme du C Series. Mais il serait temps qu'il passe de la parole à l'acte.

Depuis le début de septembre, Bombardier a perdu 26 % de sa valeur en Bourse. Sa capitalisa­tion boursière a ainsi fondu de 1,4 milliard de dollars en moins de quatre semaines.

L’action se négocie présenteme­nt autour de 1,60 $, comparativ­ement à 2,15 $ au début du mois. Et les perspectiv­es boursières de Bombardier s’annoncent plutôt moches à la suite des tuiles qui lui sont tombées dessus ces dernières semaines.

Je vous rappelle que le programme du C Series est actuelleme­nt obligé de ralentir sa cadence de livraison des avions à cause d'un retard de production des moteurs Pratt & Whitney qui équipent les appareils.

S’ajoute à cette mauvaise nouvelle la baisse de la cote de crédit de Bombardier. La firme de notation de crédit Standard and Poor's a abaissé la cote de Bombardier, et ce en raison de la faiblesse du marché pour ses modèles d'avions d'affaires (Learjet, Global, Challenger) et commerciau­x (C Series, Q Series, CRJ Series).

LE MILLIARD FÉDÉRAL

Il est évident qu’une injection additionne­lle de capital de 1 milliard US de la part cette fois du gouverneme­nt Trudeau dans le programme C Series rassurerai­t les actionnair­es de Bombardier.

Mais, entre nous, le marché boursier escompte déjà cette «future» bonne nouvelle.

Je ne vois pas en vertu de quel argument financier politiquem­ent logique le gouverneme­nt Trudeau refuserait «d’embarquer» dans le financemen­t du plus prestigieu­x avion canadien de l’histoire.

Le secteur aéronautiq­ue du Québec est aussi important pour le Canada que le secteur de l’automobile de l’Ontario.

Comme le gouverneme­nt fédéral a investi massivemen­t dans le sauvetage de l’industrie automobile ontarienne à la suite de la crise financière de 2008-2009, il serait équitable qu’il participe à la survie du C Series, le projet aéronautiq­ue de l’heure au Canada.

Il serait donc temps que le gouverneme­nt Trudeau, à l’instar du gouverneme­nt Couillard, allonge son milliard américain. On est quand même rendu à l’étape de la livraison des C Series. Convenons que c’est un beau risque à courir pour le fédéral.

LES COMMANDES

Le carnet du C Series renferme présenteme­nt 370 commandes, dont 123 C Series 100 et 247 C Series 300.

Jusqu’à présent, un seul avion a été livré.

La capitalisa­tion boursière de Bombardier s’élève actuelleme­nt à 3,6 milliards de dollars. Cela dépasse à peine les 3 milliards de dollars qui ont été investis depuis un an dans Bombardier par le gouverneme­nt Couillard et la Caisse de dépôt et placement .

Québec a injecté 1 milliard US (1,3 milliard canadien) dans le C Series et la Caisse 1,5 milliard US (2 milliards canadiens) dans Bombardier Transport. En échange de ces investisse­ments massifs, Québec détient 49,5 % de la Société en commandite du C Series et la Caisse 30 % de Bombardier Transport.

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