L’essence plus chère à Montréal
Les marges au détail des essenceries de la métropole ont bondi de 40,2 % en moyenne
Les automobilistes de la grande région de Montréal paient leur essence beaucoup plus cher qu'ailleurs au Québec, révèle la Régie de l'énergie du Québec dans son dernier rapport.
Les stations d'essence de la région de Montréal ont augmenté leurs marges au détail, en moyenne, de 40,2 % entre 2014 et 2015; en Montérégie et à Laval, les marges ont bondi de plus de 21 %; dans Lanaudière, la hausse fut de 18 %, écrit la Régie dans son rapport qui vient d'être déposé à l'Assemblée nationale.
Dans plusieurs régions du Québec, les stations d'essence ont pourtant connu des baisses de leurs marges: 16 % en Outaouais, 10 % en Estrie et en Mauricie, 0,8 % dans la région de Québec, 9 % sur la CôteNord, 0,9 % dans les Laurentides et 3,8 % dans Nord-du-Québec. L'augmentation moyenne des marges au détail fut de 8,3 % au Québec.
La marge au détail inclut le coût d'exploitation d'une essencerie (excluant le coût d'acquisition de l'essence) et le profit. Une marge au détail élevée signifie que le coût d'exploitation est élevé, que le profit est élevé ou un mélange des deux.
PRIX À LA POMPE
Cela signifie que les automobilistes de Montréal et de la région paient leur carburant beaucoup plus cher qu'ailleurs, confirme le CAA-Québec. «Si la marge prélevée au détail est plus importante, c'est sûr qu'il y a un effet sur le prix à la pompe», précise Isabelle Godbout, spécialiste dans l'analyse du marché des carburants, au CAA.
Une situation que le CAA s'explique mal. «Normalement, les essenceries situées dans les grands centres sont capables de prélever une marge au détail inférieure à celles qui sont dans les petites localités, précise Mme Godbout. Ça fait quelques années que ça dure, ça défie toute logique. Est-ce que les stations-service sont trop gourmandes?»
«C'est toujours le jeu de l'offre et de la demande (...) Ce n'est pas une situation normale», répond Carol Montreuil, porte-parole de l'Association canadienne des produits pétroliers (ACPP). M. Montreuil signale que les marges ont commencé à se replier en 2016.
PÉTROLE BRUT
L'année 2015 coïncide avec la chute importante des prix du pétrole brut, ce qui a pu déstabiliser le marché en certains endroits. «Quand il y a une chute brutale du prix du pétrole, les prix de l'essence suivent (...) L’instabilité s’est ressentie beaucoup plus à Montréal où les prix n'ont peutêtre pas chuté aussi rapidement qu’ailleurs. Les détaillants ont pu se retrouver avec une marge plus importante», explique M. Montreuil.