Le Journal de Montreal

L’armée veut moderniser ses missiles balistique­s nucléaires

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WASHINGTON | Les États-Unis s’apprêtent à investir des dizaines de milliards de dollars dans la modernisat­ion de leurs 400 missiles balistique­s nucléaires interconti­nentaux pourtant considérés par certains comme d’inutiles vestiges de la guerre froide.

Hier, le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter a défendu ce choix lors d’un déplacemen­t à Minot dans le Dakota du Nord, l’un des trois sites à accueillir les 400 missiles interconti­nentaux américains Minuteman III - du nom des patriotes de la guerre d’Indépendan­ce.

À Prague en 2009, le président américain Obama avait créé d’énormes attentes dans le monde en affirmant son attachemen­t à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires, soulignant la «responsabi­lité morale» des États-Unis à agir.

Mais malgré les espoirs des avocats du désarmemen­t mondial, l’administra­tion américaine n’a finalement pas remis en cause le projet de modernisat­ion de ses missiles interconti­nentaux, se refusant à faire le choix de la France.

En 1998, le président Jacques Chirac avait décidé d’abandonner les missiles du plateau d’Albion, laissant la dissuasion reposer sur ses bombardier­s et sous-marins nucléaires.

TROP CHER ?

L’US Air Force prévoit de remplacer les Minuteman III à partir de 2030, par un tout nouveau missile, pour un coût estimé aujourd’hui à 86 milliards de dollars, sur les 50 ans de la durée de vie du programme.

Certains experts en désarmemen­t estiment que les États-Unis s’imposent ainsi une charge non nécessaire, d’autant que les autres composante­s de leur dissuasion nucléaire, aérienne et sousmarine, vont devoir aussi être modernisée­s.

Selon ces experts, le coût d’une modernisat­ion complète de l’arsenal nucléaire dans les prochaines décennies atteint le millier de milliards, alors même que les États-Unis doivent aussi investir des sommes colossales dans la modernisat­ion de leurs armements convention­nels.

«Nous ne pouvons tout simplement nous le payer», a expliqué la semaine dernière le représenta­nt démocrate Adam Smith, en soulignant que des trois composante­s de la dissuasion américaine, c’est la terrestre qui est la moins utile.

PÉKIN

La Chine, grande puissance militaire émergente, se vante de sa «spectacula­ire dissuasion», avec un nombre d’armes nucléaires bien inférieur, a-t-il estimé.

«Ce qu’ils ont est suffisant pour pouvoir dire “ne nous attaquez pas ou nous vous anéantiron­s”», a-t-il dit, en soulignant que si les ÉtatsUnis devaient un jour entrer dans une guerre nucléaire, «nous serions à peu près tous rôtis de toute façon».

Mais le Pentagone insiste sur la nécessité de continuer à bénéficier de tous les éléments de sa dissuasion.

– Par Tomas Watkins, Agence France-Presse

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Un technicien inspecte un missile interconti­nental Minuteman III dans un silo de la base de Minot au Dakota du Nord.

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