La télé américaine déterre les morts
Plusieurs séries d’inspiration judiciaire font un tabac au petit écran
La télé américaine cultive la fascination morbide du public pour d’anciennes histoires de meurtres, cette année. Après Steven Avery et O.J. Simpson, une autre sordide affaire refait surface au petit écran, celle de JonBenet Ramsey, cette minimiss sauvagement assassinée au Colorado en 1996.
Entouré de mystère, ce fait divers a fait les choux gras des tabloïds pendant deux décennies chez nos voisins du sud. La fillette de six ans avait été retrouvée morte au domicile familial au lendemain de Noël. Elle avait été battue et étranglée durant la nuit. Le coupable court toujours.
Le 20e anniversaire du décès de JonBenet a inspiré trois émissions cet automne: un téléfilm de Lifetime qui sera présenté en novembre, une série spéciale du réseau Investigation Discovery et, surtout, une minisérie documentaire de CBS. Intitulée The Case Of: JonBenet Ramsey, cette dernière fait polémique aux États-Unis depuis une semaine. Diffusée au Québec en anglais sur Global, cette série de deux épisodes dans laquelle un groupe d’investigateurs refait l’enquête laisse entendre – de manière plus ou moins convaincante – que l’enfant aurait été tuée par son frère aîné, Burke Ramsey, âgé de neuf ans au moment du drame. Ses parents, Patsy et John, auraient simplement voulu protéger leur fils en mettant en scène une entrée par effraction/tentative d’enlèvement pour tromper la police.
Très controversée, cette théorie a essuyé plusieurs critiques au cours des derniers jours. La plus virulente provient de Burke Ramsey lui-même. Le frère de JonBenet songe d’ailleurs à poursuivre CBS pour l’avoir faussement accusé de meurtre en s’appuyant sur (ce que son avocat décrit, dans un communiqué envoyé à CNN, comme étant) «des mensonges, des faussetés, des distorsions et des omissions».
TENDANCE LOURDE
Ce festival d’émissions consacrées à JonBenet Ramsey vient confirmer une tendance lourde en 2016: la programmation de type true crime, qui déterre de vieux crimes pour satisfaire la curiosité des téléspectateurs. La série documentaire de Netflix Making A Murderer a ouvert le bal en début d’année, juste avant The People vs. O.J. Simpson: American Crime Story, une fiction du réseau FX qui revisitait le procès pour meurtre de l’ex-joueur de football. Couronnée aux plus récents Emmy Awards, cette série mettant en vedette Cuba Gooding Jr. et Sarah Paulson, est présentée en français à Max depuis le 1er septembre.
Vendredi, Netflix en remettra une couche en proposant Amanda Knox, un documentaire fort attendu sur cette étudiante américaine en échange en Italie, reconnue coupable à deux reprises du meurtre de sa colocataire avant d’être finalement acquittée.
Enfin, cette mode frappe aussi la télé québécoise. Depuis une semaine, TVA participe au mouvement en proposant les mardis soir Histoires en cour, une série documentaire pilotée par MarieChristine Bergeron, qui montre comment la vie de simples citoyens a basculé après un acte criminel.