L’audace de Krueger
En misant sur Halak, l’entraîneur d’Équipe Europe a pavé la route vers la finale
TORONTO | Certaines dates peuvent changer la destinée d’une formation au cours d’une saison ou d’un tournoi d’envergure. Pour Équipe Europe, ce fut le 11 septembre, durant un match préparatoire à Montréal.
Pendant un match contre l’Amérique du Nord, la formation européenne était complètement dominée en première période. Après le quatrième but des jeunes loups, l’entraîneur-chef Ralph Krueger choisit de retirer son gardien Thomas Greiss au profit de Jaroslav Halak.
À première vue, c’était une décision anodine. Toutefois, avec le recul, elle fait maintenant passer Krueger pour un génie.
Son équipe n’a pas gagné cette partie malgré une bonne performance de Halak et une remontée tardive.
«Quand on a remplacé Greiss par Halak, à Montréal, ma formation avait besoin d’un changement à ce moment-là, a rappelé Ralph Krueger. Comme on le sait, une situation peut évoluer rapidement au hockey.
«Jaroslav a saisi sa chance et il ne l’a pas laissée échapper par la suite.»
Sans le savoir, c’est à ce moment-là que la troupe européenne a posé la première pierre d’une fondation qui allait lui permettre de prendre part à la finale de la Coupe du monde à ce soir.
Et Halak est une des raisons principales des succès d’Équipe Europe. En quatre rencontres depuis le début du tournoi, le gardien slovaque a présenté une fiche de 3-1 avec une moyenne de buts alloués de 1,96 et un taux d’efficacité de ,947.
Comme on l’a vu par le passé, Halak est au sommet de son art lorsqu’il se fait mitrailler de lancers. C’est encore le cas à la Coupe du monde, où il a fait face à un total de 150 tirs en quatre matchs, soit 37,5 en moyenne par rencontre.
Il serait surprenant que cette tendance soit à la baisse en finale, avec la présence des gros canons du Canada.
LE PASSÉ N’A PAS ÉTÉ UN FACTEUR
Pour revenir au fameux changement de gardiens, Krueger a expliqué la mentalité qu’il a prônée avec ses adjoints dans la composition de sa formation.
«On a décidé de ne pas tenir compte des exploits passés de nos joueurs pour établir les rôles de chacun, a souligné Krueger. On a plutôt choisi de profiter de notre camp d’entraînement pour le faire.
«Par exemple, Marian Gaborik a commencé sur le quatrième trio. Il a dû gagner son temps de glace et ses présences sur l’avantage numérique. Ce fut la même chose chez les gardiens.»
Avant de donner le poste de partant à Halak, c’était Greiss qui était l’homme de confiance de Krueger en raison de ses performances lors du dernier Championnat du monde.
«On juge un joueur par ce qu’il peut nous donner à l’heure actuelle, a-t-il ajouté. Il n’y a pas de boni, de passé ou de futur.»
NIELSEN N’EST PAS SURPRIS
Le coéquipier de Halak avec les Islanders de New York et Équipe Europe, Frans Nielsen, avoue que les succès de son gardien de but ne l’étonnent pas.
«Je ne suis pas surpris par ses performances, a admis Nielsen. Depuis qu’on évolue ensemble avec les Islanders, il nous donne toujours une chance de gagner.
«Il est toujours en mesure d’effectuer l’arrêt dont tu as besoin. Par exemple, quand tu tires de l’arrière 2-0, il te permet de demeurer dans le match. Jaro est ce type de joueur qui peut changer le rythme d’une partie.»
On peut dire que Halak s’acquitte bien de cette tâche depuis le début de la Coupe du monde.