Ce tueur veut être libéré
Délinquant depuis l’enfance, il dit avoir changé en prison
Danny Bouchard-Asselin a tué Sylvain Bélanger à bout portant, le 13 juillet 1999. Condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans, le meurtrier raconte maintenant sa vie à 12 jurés dans le but de les convaincre qu’il mérite de sortir de prison plus tôt.
Âgé de 38 ans, Danny Bouchard-Asselin tente de se prévaloir de la «clause de la dernière chance» depuis une semaine, au palais de justice de Longueuil.
Si le jury lui accorde ce privilège, il pourra s’adresser plus tôt à la Commission des libérations conditionnelles du Canada afin de quitter le pénitencier de Laval où il vit actuellement.
«Pendant la majeure partie de ma vie, j’ai été un criminel. J’ai eu l’occasion de changer, mais je ne l’ai pas fait. Depuis sept ans, j’ai arrêté de me geler. C’est pas tout le temps facile, mais j’essaye de faire pour le mieux», a témoigné le meurtrier, la voix coupée par l’émotion.
Danny Bouchard-Asselin a eu une enfance difficile. Sa mère, qu’il décrit comme attentionnée mais «bonasse», a «mis son père dehors» en découvrant qu’il avait une maîtresse.
Son père, un homme violent et manipulateur, l’amenait parfois avec lui lorsqu’il commettait des vols et des fraudes. Ballotté d’une maison à l’autre, Bouchard-Asselin était un enfant turbulent qui faisait tout pour avoir de l’attention.
VOLEUR À HUIT ANS
À la maternelle, un élève s’est emparé du crayon du jeune Danny. Ce dernier le lui a planté dans la main pour se venger. Danny Bouchard-Asselin a commis son premier crime à huit ans. Il volait à l’étalage et dans le bureau du directeur.
Cinq ans plus tard, il a commencé à «se geler la face». À 13 ans, il avait déjà essayé pot, haschisch, PCP, acide et cocaïne. Sa consommation abusive l’a mené à trois surdoses.
Pour payer sa drogue, il a vite commencé à faire des introductions par effraction dans des résidences. Il cognait, entrait – s’il n’y avait personne – et prenait «tout ce qui se vendait». Accusé à plus de 80 reprises durant son adolescence, il partageait son temps entre la prison et le centre jeunesse, d’où il fuguait souvent.
Sa vraie famille, c’était le monde criminel. Il a intégré le clan Demers, un groupe de braqueurs de banques. La victime du meurtre, Sylvain Bélanger, en faisait aussi partie.
D’après Bouchard-Asselin, Bélanger n’était pas d’accord avec les pourcentages à verser au «boss» et il aurait voulu créer son propre groupe.
« CHÂTIMENT ULTIME »
Il n’en fallait pas plus pour convaincre le meurtrier, alors âgé de 21 ans, que Bélanger «méritait le châtiment ultime». Il devait servir d’exemple. Bouchard-Asselin s’est rendu chez la victime, à Sainte-Angèle-de-Monnoir, et il l’a abattue de quatre projectiles. Bélanger, qui revenait du travail, n’a même pas eu le temps de sortir de sa voiture. Le tueur a fui les lieux.
Il a été arrêté deux mois plus tard, en Abitibi, après avoir volé une Plymouth Acclaim.
Transféré d’un établissement carcéral à l’autre depuis 1999, il a fait les 400 coups derrière les murs (voir encadrés) jusqu’en 2009.
Depuis sept ans, sa vie a changé. Il ne consomme plus, a obtenu un certificat en psychologie en plus de donner des conférences auprès des jeunes. Réussira-t-il à convaincre le jury que c’est suffisant pour quitter la prison? Sinon il devra attendre 2024.