Montréal fait le Ménage dans son bordel informatique
115 informaticiens seront embauchés
Montréal sort un remède de cheval pour mettre de l’ordre dans son département des technologies de l’information (T.I.), qualifié de «shop informatique de bas niveau» par le vérificateur général (VG) de la Ville.
La métropole effectue un très gros virage: 20 % du personnel sera renouvelé; 115 postes d’informaticien à temps plein sont ouverts depuis début octobre et plus d’une dizaine d’autres ont déjà été octroyés.
«Nous avons reçu plus de 2000 candidatures», rapporte l’élu responsable des dossiers informatiques et meneur de ce virage, Harout Chitilian.
Montréal veut le contrôle, à l’interne, de ses développements informatiques. En 2009, la Ville s’est pressée dans une série massive d’embauches qui ne s’est pas avérée efficace. L’urgence d’embauche coïncidait avec l’évolution rapide des technologies, mais aussi l’emprisonnement, pour fraude, d’un des gestionnaires du département.
Plusieurs postes étaient alors pourvus, soit de façon temporaire, soit, parfois, par des consultants privés. D’autres postes demeuraient vacants et certains employés occasionnels étaient affectés à des fonctions importantes.
«On a fait un ménage», dit M. Chitilian, qui vise des compétences précises pour les nouveaux postes. Il souhaite passer d’une organisation qui «opère» à une organisation qui «priorise, planifie, développe et agit», dit-il.
EN ACCORD AVEC LE VG
L’an dernier, le VG de Montréal a déposé un rapport alarmant sur la mauvaise gestion informatique de la Ville. M. Chitilian, qui commençait alors sa réforme, réplique qu’il n’«a jamais cru que ça allait être facile».
«Mon audit personnel (…) était en synchro avec le VG», ajoute-t-il.
Selon lui, les technologies ont évolué très rapidement et la Ville, comme plusieurs organisations publiques, s’est retrouvée «avec des gens qui étaient dépassés par les événements», poursuit-il.
Montréal a aussi enfin mis un terme à ses controversées ententes-cadres. Ces ententes allaient complètement à l’opposé des pratiques suggérées par le gouvernement du Québec. Il s’agissait de trois ententes très généralistes avec des firmes privées qui permettaient de recourir à des consultants pour toutes sortes de tâches très diffuses. Entre 2012 et 2015, ces ententes ont coûté le maximum prévu, soit près de 35 M$.
Ces ententes n’ont pas été renouvelées et la Ville a plutôt lancé des contrats spécifiques.
L’INDUSTRIE PRÉVIENT
De son côté, l’Association québécoise des technologies, qui regroupe une bonne partie des firmes informatiques et des consultants de la province, accueille favorablement cette réforme de Montréal, mais elle met un bémol.
«L’industrie est pour une expertise interne qui voit à intégrer les meilleures solutions. (…) Le danger, c’est lorsque les organisations misent sur un développement sur mesure, alors que nous avons, au sein de l’industrie, des entreprises de classe mondiale qui ont déjà développé des solutions pouvant répondre à ces besoins», explique la présidente de l’Association, Nicole Martel.