Le Journal de Montreal

Gravement brûlé par une cigarette un homme meurt

La famille de la victime entend porter plainte contre le centre d’hébergemen­t

- Frédérique Giguère FGiguereJD­M frederique.giguere@quebecorme­dia.com

La famille d’un homme de 69 ans mort des suites de graves brûlures causées par une cigarette dans un centre d’hébergemen­t du Sud-Ouest portera plainte pour dénoncer le manque de personnel la nuit.

«Mon frère serait peut-être encore avec nous aujourd’hui s’il y avait eu plus d’employés sur l’étage cette nuit-là», a confié Odette Thomas, la soeur de la victime.

Qui plus est, note-t-elle, les gicleurs et l’avertisseu­r de chaleur ne se sont pas mis en action lors de l’incendie.

Atteint de problèmes de santé mentale, Marc Thomas résidait depuis 12 ans au centre Yvon-Brunet de Verdun. Il y était heureux, s’entendait bien avec tout le monde et adorait tous les préposés, a assuré sa soeur.

Il y a deux semaines, l’homme s’est levé vers 5 h du matin et est allé s’allumer une cigarette dans le fumoir, comme il le faisait chaque jour. Dans des circonstan­ces qui demeurent nébuleuses, en l’espace de quelques minutes, sa cigarette se serait retrouvée en contact avec sa robe de chambre et celle-ci se serait rapidement enflammée.

Lorsqu’elle a pris conscience de la situation, la seule préposée qui se trouvait à l’étage s’est dirigée vers le fumoir.

Selon nos informatio­ns, M. Thomas ne réagissait pas, même si les flammes recouvraie­nt presque tout son corps. L’employée s’est empressée d’éteindre le brasier avec une couverture.

BRÛLÉ AU TROISIÈME DEGRÉ

Or, le résident a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. Les médecins ont indiqué à sa famille qu’il était brûlé au troisième degré sur environ 60 % de son corps.

Les policiers de Montréal ont été mandatés pour faire la lumière sur l’événement, mais le centre Yvon-Brunet mène lui aussi une enquête interne. Bien que le rapport ne soit pas encore terminé, la responsabl­e de l’établissem­ent considère que le nombre d’employés affectés au quart de travail de nuit est suffisant [voir encadré].

«Si vous me disiez qu’on allait avoir plus de budget, ce n’est pas nécessaire­ment la nuit que j’ajouterais du personnel, a expliqué Martine Lalande, gestionnai­re du centre Yvon-Brunet. Il n’y a pas de soin d’hygiène à faire, pas de repas, pas d’animation et pas d’activités. Ce que j’ai recueilli comme informatio­n jusqu’à maintenant m’amène à être rassurée sur la sécurité du centre la nuit.»

LA FAUTE AUX POLITICIEN­S

Mais pour les proches de M. Thomas, la façon dont il est mort est tout à fait inacceptab­le. «C’est un centre régi par le gouverneme­nt, c’est certain que j’avais l’esprit tranquille, moi, en l’envoyant là-bas, a déploré sa soeur. Je ne pensais jamais qu’il finirait ses jours comme ça.»

Odette Thomas croit qu’un plus grand nombre d’employés à l’étage aurait permis un temps de réaction plus rapide et aurait peut-être sauvé son frère.

«Il était brûlé au troisième degré, il s’est quand même écoulé un certain temps avant qu’il reçoive de l’aide», a-t-elle dit.

La famille de la victime soutient qu’elle n’a aucun reproche à faire aux employés.

Elle en veut plutôt aux politicien­s et aux décideurs de ne pas faire plus d’efforts pour assurer la sécurité dans les centres d’hébergemen­t.

 ??  ?? Marc Thomas, 69 ans, a succombé à ses blessures quelques heures après l’incendie. En mortaise, un tablier ignifuge (anti-feu) fait à 100 % de fibre de verre pratiqueme­nt identique à ceux donnés aux résidents du centre Yvon-Brunet de Montréal.
Marc Thomas, 69 ans, a succombé à ses blessures quelques heures après l’incendie. En mortaise, un tablier ignifuge (anti-feu) fait à 100 % de fibre de verre pratiqueme­nt identique à ceux donnés aux résidents du centre Yvon-Brunet de Montréal.
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