Gravement brûlé par une cigarette un homme meurt
La famille de la victime entend porter plainte contre le centre d’hébergement
La famille d’un homme de 69 ans mort des suites de graves brûlures causées par une cigarette dans un centre d’hébergement du Sud-Ouest portera plainte pour dénoncer le manque de personnel la nuit.
«Mon frère serait peut-être encore avec nous aujourd’hui s’il y avait eu plus d’employés sur l’étage cette nuit-là», a confié Odette Thomas, la soeur de la victime.
Qui plus est, note-t-elle, les gicleurs et l’avertisseur de chaleur ne se sont pas mis en action lors de l’incendie.
Atteint de problèmes de santé mentale, Marc Thomas résidait depuis 12 ans au centre Yvon-Brunet de Verdun. Il y était heureux, s’entendait bien avec tout le monde et adorait tous les préposés, a assuré sa soeur.
Il y a deux semaines, l’homme s’est levé vers 5 h du matin et est allé s’allumer une cigarette dans le fumoir, comme il le faisait chaque jour. Dans des circonstances qui demeurent nébuleuses, en l’espace de quelques minutes, sa cigarette se serait retrouvée en contact avec sa robe de chambre et celle-ci se serait rapidement enflammée.
Lorsqu’elle a pris conscience de la situation, la seule préposée qui se trouvait à l’étage s’est dirigée vers le fumoir.
Selon nos informations, M. Thomas ne réagissait pas, même si les flammes recouvraient presque tout son corps. L’employée s’est empressée d’éteindre le brasier avec une couverture.
BRÛLÉ AU TROISIÈME DEGRÉ
Or, le résident a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. Les médecins ont indiqué à sa famille qu’il était brûlé au troisième degré sur environ 60 % de son corps.
Les policiers de Montréal ont été mandatés pour faire la lumière sur l’événement, mais le centre Yvon-Brunet mène lui aussi une enquête interne. Bien que le rapport ne soit pas encore terminé, la responsable de l’établissement considère que le nombre d’employés affectés au quart de travail de nuit est suffisant [voir encadré].
«Si vous me disiez qu’on allait avoir plus de budget, ce n’est pas nécessairement la nuit que j’ajouterais du personnel, a expliqué Martine Lalande, gestionnaire du centre Yvon-Brunet. Il n’y a pas de soin d’hygiène à faire, pas de repas, pas d’animation et pas d’activités. Ce que j’ai recueilli comme information jusqu’à maintenant m’amène à être rassurée sur la sécurité du centre la nuit.»
LA FAUTE AUX POLITICIENS
Mais pour les proches de M. Thomas, la façon dont il est mort est tout à fait inacceptable. «C’est un centre régi par le gouvernement, c’est certain que j’avais l’esprit tranquille, moi, en l’envoyant là-bas, a déploré sa soeur. Je ne pensais jamais qu’il finirait ses jours comme ça.»
Odette Thomas croit qu’un plus grand nombre d’employés à l’étage aurait permis un temps de réaction plus rapide et aurait peut-être sauvé son frère.
«Il était brûlé au troisième degré, il s’est quand même écoulé un certain temps avant qu’il reçoive de l’aide», a-t-elle dit.
La famille de la victime soutient qu’elle n’a aucun reproche à faire aux employés.
Elle en veut plutôt aux politiciens et aux décideurs de ne pas faire plus d’efforts pour assurer la sécurité dans les centres d’hébergement.