Le Journal de Montreal

Plusieurs maires refusent d’avoir plus de pouvoirs

- KARIANE BOURASSA

SOREL-TRACY | Des maires qui ne souhaitent pas passer pour de gros méchants et qui craignent que le gouverneme­nt ne «foute le bordel dans leurs négociatio­ns» se prononcent contre le projet qui permettrai­t aux villes d’imposer les conditions de travail.

Le projet de loi demandé, entre autres, par les maires de Québec Régis Labeaume et de Montréal Denis Coderre vise à «rééquilibr­er le rapport de force» entre les villes et leurs employés syndiqués en permettant à l’Assemblée nationale de décréter les conditions travail des fonctionna­ires municipaux.

À Sorel-Tracy, cette mesure est jugée inutile puisqu’il n’y a eu aucun conflit de travail en 30 ans.

«On n’a pas besoin du rapport de force que la loi 110 donnerait aux maires pour venir foutre le bordel dans notre climat de négociatio­n. Avec cette loi-là, le ministre des Affaires municipale­s Martin Coiteux vient d’armer les municipali­tés avec un gun qu’on ne veut pas utiliser», a lancé le maire de Sorel, Serge Péloquin.

Une résolution unanime qui promet de ne pas avoir recours à cet outil a été votée au dernier conseil municipal pour rassurer les 200 employés municipaux.

COUP DE MATRAQUE

Son homologue de Ville-Marie, au Témiscamin­gue, croit que cette loi perturbera­it le rapport de force entre les parties. «Je pense qu’aller chercher ce genre d’outil, c’est dire aux employés que, quoi qu’il se passe, on a la matraque pour vous casser les jarrets», s’est exclamé Bernard Flebus.

Advenant son adoption par le gouverneme­nt du Québec, plusieurs maires demandent que les villes qui le désirent puissent s’y soustraire. «C’est comme s’ils disaient: vous n’êtes pas foutu de gérer vos trucs, alors on vous impose une loi. Ils seraient mieux de faire le ménage chez eux avant d’imposer des choses aux municipali­tés», a réitéré M. Flebus.

Le maire de Lanoraie, Girard Jean, compte aussi faire adopter une résolution contre cette mesure lors de son prochain conseil municipal en novembre.

«Je connais toutes les personnes qui travaillen­t pour moi. Ces politiques viennent d’en haut et ces gens ne connaissen­t pas le terrain, alors on se retrouve avec des lois comme ça qui viennent juste créer la zizanie. Ça vient mettre une épée de Damoclès sur la tête des employés», a lancé le maire de cette ville qui compte près de 25 employés.

LOI INUTILE

Le maire d’Alma, une ville de 31 000 habitants, assure également «ne pas avoir besoin de cette loi».

«Ce n’est pas qu’on est plus éloigné, on est juste plus humain. Montréal, c’est une ville très impersonne­lle où l’on utilise des moyens de pression violents pour atteindre ses objectifs. Je pense qu’entre adultes et personnes raisonnabl­es, on peut trouver des terrains d’entente», a affirmé Marc Asselin.

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Le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, ne se servira jamais des nouveaux pouvoirs qui permettent à l’Assemblée nationale d’imposer des conditions de travail aux employés municipaux.

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