Morte d’une dose trop forte ?
Un médecin et un pharmacien sous la loupe
QUÉBEC | À la suite du décès d’une dame lors d’un grave accident de la route en 2015, un coroner a recommandé d’examiner la conduite de son médecin et de son pharmacien, qui ont prescrit un médicament pour le sommeil à la victime.
Au milieu de la journée du 3 février 2015, Denise Blais, 59 ans, de Sainte-Justine en Beauce, circulait sur le 10e rang, à Saint-Odilon, lorsqu’elle a eu un accident avec un camion semi-remorque. Elle a omis d’effectuer un arrêt à l’intersection où l’accident s’est produit.
L’analyse toxicologique a révélé la présence de zopiclone au seuil maximal du taux thérapeutique dans le sang de Mme Blais. Le rapport du coroner mentionne également que Mme Blais était dans un état qui a affaibli sa capacité de conduire.
Le dossier pharmacologique témoigne d’une prise régulière de zopiclone de la part de la victime à raison de 30 comprimés par mois, et ce, depuis 41 mois.
«Il appert que la concentration de zopiclone retrouvée dans le sang de Mme Blais est élevée, peu importe le moment de la prise de médicament, et démontre que Mme Blais conduisait sous les effets psychotropes de la zopiclone au moment de l’impact», relate la coroner Francine Baillargeon.
AVIS
Toutefois, quelques mois avant le décès, un rapport d’incident avait été transmis aux professionnels de la santé réclamant une nouvelle posologie pour ce médicament dans le but de réduire les risques d’affaiblissement des facultés de conduire.
Santé Canada y recommandait la prescription de plus petites doses de zopiclone et de limiter sa consommation de 7 à 10 jours. Selon l’organisme, une plus longue utilisation doit requérir une réévaluation complète du patient.
C’est pourquoi la coroner recommande au Collège des médecins et à l’Ordre des pharmaciens d’examiner les gestes professionnels posés par leurs membres dans ce dossier. Elle réclamait également que les deux regroupements diffusent un avis afin de rappeler la nouvelle posologie de la zopiclone et ses risques de réduction des facultés de conduire.
ABSENCE DE FEU DE CIRCULATION
Qui plus est, l’intersection où le drame s’est produit est peu visible de la route sur laquelle circulait Mme Denise Blais, ce qui, souligne le rapport, exige une pleine vigilance du conducteur.
La coroner demande aussi au ministère des Transports de rapidement sécuriser l’intersection, «notamment en installant un feu suspendu clignotant».