Pis, vous portez quoi à l’Halloween ?

Dans une semaine, c’est l’Halloween. Savez-vous ce que vous allez porter?

Vous pensiez que l’Halloween était une fête de transgression des tabous, où l’on pouvait briser la routine de tout ce qu’on fait les 364 autres jours de l’année?

Que vous êtes naïfs! Vous ne savez pas qu’en 2016 la police des costumes rôde et que vous ne pouvez plus vous amuser à porter n’importe quoi?

BAS LES MASQUES !

Vous pensiez porter un masque de Donald Trump, parce que, lui, il fait vraiment peur? Êtes-vous fous! On ne s’habille pas en prédateur sexuel qui fait des blagues de vestiaires, ça risque de provoquer des crises d’épilepsie chez des femmes qui ont déjà été victimes d’attouchements sexuels.

Vous vouliez vous déguiser en Caitlyn Jenner, cette célèbre femme transgenre, connue pour avoir changé de sexe et avoir dragué Julie Snyder au Banquier? Mais vous êtes tombé sur la tête! Vous allez vous faire traiter de transphobe et vous allez avoir la moitié de la communauté LGBTQ2 à vos trousses.

Et le sombrero que votre tante Germaine vous a rapporté du Mexique? N’y pensez même pas. No way José.

Le mot «appropriation culturelle», ça ne vous dit rien? Vous n’avez pas reçu le mémo édictant que les Occidentaux n’ont jamais le droit de se costumer en autre chose qu’en Occidentaux, sinon ça fait verser des larmes à tous les pays membres de l’ONU?

Vous pensiez habiller votre petite fille en princesse de la Reine des Neiges? Mais dans quel siècle vivez-vous? Vous ne savez pas que c’est un symbole du «patriarcat capitaliste hétéronormé qui euphémise la souffrance des femmes»? Et en plus, si la robe de la petite est trop courte ou que son costume est trop moulant, vous êtes un sale macho qui hypersexualise sa progéniture.

Au moins, il y a des gens qui, eux, ont compris. Ils ont vu la lumière. Ils savent quoi porter à l’Halloween. Les étudiants de l’Université Brock, en Ontario, ont créé une page internet où l’on trouve la liste des costumes qui seront interdits cette année aux partys d’Halloween: les costumes de geisha, les djellabas arabes, les maquillages mexicains du «jour de la mort», les coiffes à plume amérindiennes, bien sûr.

Sont aussi considérés comme offensants les boubous africains, le hijab, la burqa, le niqab, le turban, le bindi indien au milieu du front, le cirage noir dans le visage, tout costume qui fait référence au viol et au suicide comme un costume de Bill Cosby ou de Robin Williams.

À l’Université de la Colombie-Britannique, on va lancer cette année encore la campagne «Think before you dress up», c’est-à-dire «Pense avant de te déguiser».

Ça me paraît aussi important que les campagnes contre l’alcool au volant ou pour le port de la ceinture de sécurité.

RÉPUBLIQUE DE BANANES

Pour ma part, j’y ai bien pensé avant de me déguiser. Je vais me costumer en Minion. Une salopette bleue, un t-shirt jaune et un masque de plongée au milieu du front.

J’espère juste qu’il n’y a pas quelque part une Ligue des Jaunes, «quatre Minions et un fax».