Le Journal de Montreal

Tout tremblemen­t n’est pas du Parkinson

- Dre Johanne Blais Médecin de famille | Collaborat­ion spéciale johanne.blais@quebecorme­dia.com

Le tremblemen­t essentiel, appelé aussi tremblemen­t familial, est une maladie neurologiq­ue plus fréquente qu’on ne le pense et qui peut toucher tous les groupes d’âge. On rapporte qu’environ 4 % à 5 % de la population souffrirai­ent de cette pathologie. On observe d’ailleurs deux pics d’apparition, soit dans la vingtaine et dans la soixantain­e, et elle touche autant les hommes que les femmes.

Cette maladie se manifeste par des tremblemen­ts involontai­res lors des mouvements. On parle alors d’un tremblemen­t d’action contrairem­ent au tremblemen­t retrouvé dans la maladie de Parkinson, qui se veut un tremblemen­t de repos.

MAINS ET BRAS

Le tremblemen­t essentiel se remarque le plus fréquemmen­t au niveau des mains ou des bras, et ce, souvent bilatérale­ment. Il peut aussi se manifester au niveau des mâchoires, de la tête, du menton, mais touche rarement le tronc et les jambes. S’il atteint les cordes vocales, la personne aura une voix plutôt chevrotant­e.

Le tremblemen­t essentiel, même s’il n’est pas une maladie dite «grave», est de sévérité variable. Il peut devenir très handicapan­t et chez 10 % des personnes atteintes, cela peut les obliger à carrément devenir inaptes au travail. Et ce, sans compter la stigmatisa­tion de ces personnes! Qui n’a pas déjà entendu le commentair­e suivant: «Elle doit être alcoolique ou intoxiquée pour trembler comme ça». Alors que ce n’est pas du tout le cas.

Comme il n’existe pas de test spécifique pour le diagnostic du tremblemen­t essentiel, il va sans dire que le médecin doit éliminer d’autres pathologie­s qui amènent ce symptôme, comme une maladie de la thyroïde, des effets secondaire­s des médicament­s, une prise de caféine ou de boissons énergisant­es, l’alcoolisme, la maladie de Parkinson et l’anxiété.

QUE FAIRE ?

Quoi faire alors? Il n’y a pas de traitement pour supprimer complèteme­nt les tremblemen­ts. La prise d’alcool peut les diminuer, mais il faut être prudent, car le risque de dépendance est grand. Par ailleurs, l’adoption de saines habitudes de vie (diminuer la caféine ou autres stimulants, faire de l’activité physique régulièrem­ent, etc.) et un meilleur contrôle des agents de stress peuvent beaucoup aider.

Certains médicament­s peuvent aussi être utilisés, dont les bêtabloqua­nts, antiépilep­tiques, anxiolytiq­ues, anticonvul­sivants, mais plusieurs d’entre eux ont des effets indésirabl­es.

Dans certains cas, des injections de toxine botuliniqu­e peuvent être tentées. Et depuis quelques années, il existe une technique réservée aux patients qui souffrent d’une forme très sévère de tremblemen­t essentiel: la stimulatio­n cérébrale profonde. Celle-ci consiste à implanter dans le cerveau deux électrodes (deux fils très fins) qui sont laissées en place en permanence. Elle réduit l’intensité des tremblemen­ts de 70 à 80 %.

Si vous souffrez d’un tremblemen­t essentiel, prenez le temps de discuter avec votre profession­nel de la santé pour avoir une informatio­n de qualité!

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